Rock & Folk

MERSEYBEAT

Et si c’était là que tout avait vraiment commencé ? Sur les rives de la Mersey.

- Patrick Eudeline

JE CROIS BIEN QU’AVEC PARIS ET LONDRES, LIVERPOOL EST MA VILLE PREFEREE. Sa découverte fut mon cadeau d’anniversai­re. Le joli présent de la seule femme que j’ai eu le bon goût d’épouser. Les nuits au Hard Days Night Hotel, la découverte de la Cavern, de la — moche, il est vrai — statue de John Lennon et de la liste des groupes qui y ont joué, les deux musées Beatles sur le Royal Albert Dock et Mathew Street. Et tous les pèlerinage­s. Le Magical Mystery Tour, bien sûr, avec Penny Lane et Strawberry Fields, mais aussi le Beatles Shop sur Mathew Street, ou Hessy, encore ouvert alors, où Paul et John avaient acheté leurs premières guitares. Je n’ai rien raté. Le ferry cross the mersey et l’école d’art de Lennon, le Liverpool College Of Art, la maison natale de Ringo et le bus qui vous emmène pour le Magical Mystery Tour, les boots de Beatwear (heureux de croiser en vrai un de leurs meilleurs clients) et la librairie où John allait voler le Melody Maker et ses livres de Lewis Carroll. Il me fallait comprendre. Me perdre dans cette ville.

Car même si Londres bougeait, même si les Shadows ou Billy Fury rockaient l’Angleterre, même si le Drugstore Parisien et la Reeperbahn de Hambourg voyaient leurs premiers cuirs ou costards trois boutons, c’est à Liverpool que tout a commencé. Hélas, cela n’a duré que deux ou trois années. Avant que le Merseybeat ne meure de sa belle mort. Bientôt, dès 1966, il était infamant de venir de Liverpool ou d’être associé au truc. Cela était devenu un peu comme le twist ou ce surf que Jimi Hendrix (bêtement ?) moqua : une histoire de la veille. Yesterday’s papers assurément. Il fallait s’appeler les Beatles ou — à la rigueur — Cilla Black pour survivre à cela. Les Merseybeat­s étaient vite devenus les Merseys, et les Kubas, les Koobas... mais tous les autres ? Gerry And The Pacemakers, The Swinging Blue Jeans, The Fourmost, The Big Three ? Where Have All The Good Times Gone ? Et il n’était pas rare de croiser au Grapes, le pub sis Mathew Street, à côté de la Cavern, un ancien Hurricanes, Fourmost ou Pacemakers devant sa Guinness... attendant qu’un hypothétiq­ue touriste le reconnaiss­e, afin de lui conter, contre un prochain verre, sa folle jeunesse, montrer la table où s’asseyaient les Beatles, et peut-être médire sur Brian Epstein qui n’avait pas voulu le signer, ou évoquer Pete Best, un grand ami assurément.

Les groupes de la Mersey River étaient bien meilleurs qu’on le croit généraleme­nt. Gerry And The Pacemakers, The Swinging Blue Jeans ou The Searchers (de Liverpool, également. Oui.) cochaient quasiment toutes les cases : charisme, grandes chansons et enfer sur scène. Il y avait les grands excentriqu­es dignes des facéties de Joe Meek ou de Lord Sutch, comme Rory Storm (ses costumes roses ou lamé, son peigne géant... sa pompadour peroxydée pré-Stray Cats), les instrument­istes talentueux (les Big Three) et les chanteurs en harmonie.

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