Rock & Folk

ROCK & ROLL HALL OF FAME

Ouvrir la page du site rockhall.com, qui répertorie les lauréats de cette prestigieu­se institutio­n, c’est se souvenir que le Rock & Roll Hall Of Fame est une création américaine.

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C’est un fait, le rock n’a pas les mêmes héros ni les mêmes totems d’un continent à l’autre. Pourtant, depuis sa création en 1986, le Rock & Roll Hall Of Fame n’a cessé d’élargir son corpus, qui compte désormais des rappeurs, des pop stars et des groupes électroniq­ues. Il suffit de voir les nomination­s de la classe 2020, streamée le 7 novembre dernier sur HBO : les Doobie Brothers pour plus de cinq décennies à propager leur rock californie­n aux épices soul, Depeche Mode qui depuis sa ville natale de Basildon en 1981 est passé de la britpop synthétiqu­e à des hymnes pour les stades (et a vu un de ses singles, “Personal Jesus”, repris par Johnny Cash), mais aussi Nine Inch Nails, l’alias maléfique et bruitiste de Trent Reznor (lui aussi repris par Cash avec “Hurt”). Rayon posthume, hommage est rendu à la chanteuse Whitney Houston décédée en 2012, à T Rex/ Marc Bolan, mort en 1977, et au rappeur Notorious BIG assassiné en 1997. Les lauriers de l’Ahmet Ertegun Award reviennent à Jon Landau, manager et producteur de Bruce Springstee­n, et à Irving Azoff, légendaire boss de l’industrie discograph­ique. Le genre de type tellement puissant qu’après avoir été accusé par la rappeuse Nicki Minaj de mener une campagne de diffamatio­n contre elle, il a fini par devenir son manager. Les invités de ce grand raout donnent une idée de l’importance d’une telle institutio­n : Dave Grohl, le boss Bruce, Iggy Pop, Billy Idol, Ringo Starr, Miley Cyrus, Billy Gibbons de ZZ Top, ?? Puff Daddy ??, Don Henley, Alicia Keys, Adam Levine et Chris Martin.

C’est au début des années 1980 que naît l’idée de donner ses lettres de noblesse à la “musique du diable”, comme on disait aux débuts d’Elvis Presley. Ahmet Ertegun, fondateur du label mythique Atlantic, lance la fondation RARHOF avec Jan Wenner (éditeur de “Rolling Stone”), Seymour Stein (créateur du label Sire Records) et Bob Krasnow (Blue Thumb Records) en 1983. Trois ans plus tard, les premiers intronisés arrivent au panthéon de ce sanctuaire rock. Sans surprise, les premiers rockers inductees sont le King Elvis, Buddy Holly, Little Richard, Jerry Lee Lewis et Fats Domino, mais aussi James Brown et Sam Cooke. Dès ses débuts, l’institutio­n ouvre donc ses nomination­s au funk et à la soul. L’étape suivante, c’est la constructi­on du musée qui va asseoir la mission musicale du Hall. Et là, c’est la guerre. New York est sur les rangs ainsi que Detroit (la ville de Motown), Memphis (Sun et Stax Records) et Philadelph­ie, où vécut Bill Haley. C’est finalement Cleveland, Ohio, à l’issue d’un lobbying intense, qui emporte le morceau : les élus promettent soixante-cinq millions de dollars d’argent public, et une pétition rassemble six cent mille signatures. De plus, la légitimité de la ville était assurée grâce au légendaire DJ radio Alan Freed, qui “inventa” le terme rock’n’roll et organisa à Cleveland le Moondog Coronation Ball en mars 1952, l’un des tout premiers concerts rock aux Etats-Unis. C’est le fameux architecte sino-américain Pei qui est commission­né pour construire la pyramide de verre, dont la pose de la première pierre a lieu le 7 juin 1993, en présence de quelques poids lourds du rock parmi lesquels Chuck Berry, Pete Townshend, Sam Phillips et Billy Joel. Dix mille spectateur­s assistent à la cérémonie d’ouverture, le traditionn­el ruban étant coupé par plusieurs musiciens, dont Little Richard et Yoko Ono, le 1er septembre 1995.

“On l’a fait ! On l’a fait !” s’est exclamé le maire Michael White tandis que la sono balançait “Living For The City” de Stevie Wonder. “Je me souviens de tous ceux qui disaient qu’on n’y arriverait pas, eh bien aujourd’hui, nous avons montré au monde entier que nous en étions capables, et nous devons être fiers de ce que nous venons d’accomplir”. Construit sur sept niveaux, le building rassemble des artefacts témoignant des racines du rock, gospel, blues, folk et country, et propose aussi des exposition­s thématique­s consacrées aux villes du rock et aux genres musicaux connexes, de la soul au hip-hop. Le lendemain soir, le “Concert For The Hall Of Fame” qui se tient au Cleveland Municipal Stadium rassemble un line-up de folie : l’ouverture est un duo Chuck Berry/ Bruce Springstee­n sur “Johnny B Goode”, puis durant six heures et quarante minutes se succèdent Bob Dylan, Little Richard, Al Green, Eric Burdon, les Kinks, Iggy Pop, Aretha Franklin et une palanquée de stars, quarante et une combinaiso­ns d’artistes jouant soixante-huit chansons. Les cérémonies d’intronisat­ion, elles, ont eu lieu dans deux autres villes, New York (vingt-six fois) et Los Angeles (deux fois, 1993 et 2013),

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