Rock & Folk

London Grammar

“California­n Soil”

- JéRôME SOLIGNY

Selon Hannah Reid, la blonde chanteuse de London Grammar, c’est sa volonté de s’imposer davantage, de témoigner de l’état de l’Amérique d’aujourd’hui et aussi d’affirmer sa féminité dans un monde jugé macho qui ont principale­ment présidé au fond et à la forme de cet album. “California­n Soil” est déjà le troisième que publie le trio monté à Nottingham, dont les deux autres membres, Dan Rothman (guitares) et Dominic “Dot” Major (claviers, batterie et autres bricoles...), n’auraient pas pris ombrage de cette nouvelle donne. Ce que femme veut... Or, donc après “Truth Is A Beautiful Thing” en 2017, qui s’était honorablem­ent comporté dans les charts britanniqu­es, ce nouveau disque devrait connaître le même succès car, malgré les envies de différence­s affichées, il correspond à ce qu’on attend de London Grammar. Bien sûr, l’argumentai­re mentionne Cocteau Twins, la référence suprême pour Hannah et les garçons. La douzaine de morceaux nage en vérité dans une sorte de trip-hop à la mélancolie exacerbée (la chanson-titre, “Missing”) servie par la voix dont une réverbe de cathédrale à la Hans Zimmer surligne le caractère grave pour ne pas écrire... religieux (“All My Love”). Cette sacralité est d’ailleurs si accentuée que, même quand le tempo accélère (“Lose Your Head”), on a l’impression de se prendre les pieds dans la chasuble. L’ombre à ce tableau réalisé au fusain sonore est qu’on peine à en distinguer les composante­s... et les compositio­ns. Toutes fardées de façon similaire et un peu à outrance, les chansons de “California­n Soil” se suivent en se ressemblan­t trop.

Et si on tire son stetson à l’une d’elles, c’est à la dernière, “America”, qui aurait mérité d’intervenir plus tôt et, pourquoi pas, d’ouvrir le disque. ✪✪✪

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