Teenage Fanclub
“Endless Arcade”
Les Fannies, dès l’excellent titre d’ouverture “Home”, sonnent davantage comme les Feelies, et s’offrent le luxe d’exécuter le solo de guitare le plus long de leur carrière. Beaucoup plus posés que jadis, ils laissent une forme de transe acoustique s’installer doucement. On sent moins cette volonté de leurs débuts d’écrire des chansons pop rentre-dedans. Gerard Love n’est plus de la partie depuis 2018, et la basse a donc atterri dans les mains de Dave McGowan. La nouvelle recrue, Euros Childs, se charge des claviers pour la première fois. Les guitares restent douces, juste assez caramélisées à l’overdrive. Avec la maturité, les Ecossais ont accroché une nouvelle corde à leur arc, maîtrisant désormais parfaitement cette capacité à étirer le temps avec une force hypnotique, à l’instar du Wire actuel. La voix de Raymond McGinley sur le titre éponyme “Endless Arcade” rappelle d’ailleurs beaucoup celle de Colin Newman. Avec des changements d’accords peu habituels pour le groupe et un solo de clavier labyrinthique, les arrangements servent parfaitement le propos de la chanson. Les textes assez sombres contrastent avec la musique toujours ensoleillée. Il est impossible pour les Glaswégiens de jouer des choses absolument tristes. Sur “The Sun Won’t Shine On Me”, les harmonies byrdsiennes, leur marque de fabrique, viennent contrebalancer un terrible constat : “Avec un esprit troublé/ Je suis en déclin et le soleil ne veut pas briller sur moi.” Les capacités vocales du groupe et son savoir-faire se bonifient avec le temps. Tout est parfaitement équilibré. Un titre comme “Back In The Day” a tout d’un classique. On retrouve sur cette dernière livrée les obsessions de ces grands songwriters pour la musique californienne des sixties. L’ensemble manque juste un peu d’agressivité et de mordant. ✪✪✪