Chad VanGaalen
“World’s Most Stressed Out Gardener”
Depuis plus de quinze ans, le Canadien Chad VanGaalen écrit et compose des albums en solitaire dans son home studio isolé auquel il a donné le nom malicieux de Yoko Eno. Fidèle à l’image de l’artiste reclus et excentrique, VanGaalen en connaît ainsi un rayon sur le confinement, qui est son style de vie par défaut, et consacre son nouvel album à sa dernière passion en date : celle de faire pousser des légumes dans son jardin (et de les manger à peine sortis de terre, nous indique sa biographie). “World’s Most Stressed Out Gardener” est un disque singulier, un ovni aussi foutraque qu’attachant, au cours duquel VanGaalen passe parfois du coq à l’âne sans ciller. On suit ainsi l’artiste dans ses déambulations, alternant chansons acid-folk à la mélancolie pastorale (“Spider Milk”, “Where Is It All Going?”), grooves psychédéliques tordus à la Beta Band (“Starlight”, “Nightwaves”), rythmes kraut déglingués (“Inner Fire”), berceuses instrumentales (le magnifique violoncelle de “Plant Music”) et ambiant façon Eno période “Apollo” (la bien nommée “Earth From A Distance”).
On l’a connu méticuleux, obsédé par la pureté de la mélodie et des arrangements éthérés. VanGaalen laisse ici libre cours à son imagination en privilégiant l’immédiateté et l’accident heureux. “World’s Most Stressed Out Gardener” est un disque qui surprend à chaque tournant, dont la richesse se révèle un peu plus à chaque écoute. Le jardin de VanGaalen est désorganisé, parfois confus, mais multicolore et d’une grande variété. On aime s’y perdre et en apprécier les magnifiques fruits. ✪✪✪