Rock & Folk

Special Friend

“Ennemi Commun”

- JERÔME REIJASSE

Ecouter le premier album de Special Friend, duo franco-américain formé de Guillaume Siracusa, compositio­n, guitare et voix, et Erica Ashleson, paroles, batterie et voix, est une cure de jouvence assez remarquabl­e. Enregistré à la maison, à Montreuil, sur un Tascam 8 pistes, l’été dernier, ce disque qui, dans les années 19801990, aurait été classé dans les bacs indie rock, offre onze chansons à la saturation plus velours que barbelé, aux voix qui se croisent et s’enlacent parfois et aux mélodies qui, très vite, ne lâchent plus celui qui écoute. Les aigris diront que Yo La Tengo a déjà fait le travail. Qu’ils se replongent alors dans la discograph­ie complète des Américains et passent leur chemin. Les autres, les curieux, les pas encore morts, trouveront dans ces chansons à la douceur jamais mièvre une raison d’encore croire en des jours meilleurs. “Ennemi Commun” est un petit hit tranquille, avec ses boucles ensorceleu­ses et sa guitare à l’électricit­é solaire. “Destructio­nist” est une réunion secrète au pied d’une cascade sans nitrate ni plastique. Beau. “Movement Of The Planets”, très épuré, presque acoustique, c’est une aube qui pointe et qui n’effacera pas les serments scellés durant la nuit. “Hazard” tape du pied et chante sur le chemin d’une école buissonniè­re. “Forest”, plus agressif, torse presque bombé, tourbillon­ne admirablem­ent. La mélancolie de “Flaring Jean” n’a rien de nombrilist­e, c’est une caresse sur une plaie pas tout à fait cicatrisée. “Meant To Gather” est un mantra qui slalome entre des arbres millénaire­s. Une cavalcade loin du bruit et de la fureur. “Pastel” et son clavier élégant, démarre doucement avant d’accélérer. Le disque se termine sur “HCM”, ultime prière offerte à des dieux enfants. ✪✪✪

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