Rock & Folk

Iggy Pop est le seul rescapé

Ministère Public et Michel Pacchiana contre Denis Colnot

- PAR PHILIPPE THIEYRE

Il y a vingt ans, le 15 avril 2001 mourait Joey Ramone. Il sera suivi par Dee Dee, qui avait quitté le groupe en 1989, le 5 juin 2002, Johnny le 15 septembre 2004, et Tommy, remplacé en 1978 par Marky, le 11 juillet 2014. Tous les membres originels ont donc disparu, mais après la séparation des Ramones en 1996. L’idée, ici, n’est pas de recenser les groupes dont tous les membres sont morts, mais, à travers différente­s situations, de voir comment ont réagi, évolué certaines formations après la disparitio­n d’un ou de plusieurs musiciens.

Quelques formations ont également vu disparaîtr­e tous leurs fondateurs, en premier, et fort logiquemen­t, celles de rock’n’roll et de rhythm’n’blues des années 1950, puis celles des décennies suivantes, mais le plus souvent, elles n’existaient déjà plus au moment de la mort du dernier survivant. Parmi les groupes majeurs dont les premiers musiciens ont tous disparu figurent les Wailers, créés en 1963 par Bob Marley à la guitare, Winston Hubert McIntosh alias Peter Tosh aux claviers, Neville O’Riley Livingston alias Bunny Wailer aux percussion­s, et le chanteur Junior Braithwait­e. Très vite se rajoutent les choristes Beverly Kelso et Cherry Smith. Junior Braithwait­e ne reste que quelques mois, chantant sur quatre titres. “The Wailing Wailers” (1965) rassemble des singles de la période 1964-1965 dont un premier succès local “Simmer Down”. Peter Tosh et Bunny Wailer quitteront les Wailers en 1974 après “Burnin’” (1973). Après Bob Marley, le 11 mai 1981, Peter Tosh, le 11 septembre 1987 et Junior Braithwait­e, le 2 juin 1999, ces deux derniers assassinés, le décès de Bunny Wailer, le 2 mars 2021, clôt l’histoire des premiers Wailers. Très apprécié pour sa pop baroque, son hit “Walk Away Renée” et ses deux albums, celui de 1967, “Walk Away Renée/ Pretty Ballerina”, et celui de 1968, “The Left Banke Two”, Left Banke ne compte plus aucun membre vivant après la mort du bassiste Tom Finn le 27 juin 2020. Sans remonter au Johnny Burnette Trio, parmi les trios les plus connus, le Jimi Hendrix Experience avec les disparitio­ns successive­s de Jimi Hendrix lui-même en 1970, de Noel Redding en 2003 et de Mitch Mitchell en 2008, et Motörhead avec celles de Phil Taylor et de Lemmy Kilmister en 2015 et de Larry Wallis, le premier lead guitariste, en 2019, font partie du club. Régulièrem­ent, des groupes perdurent en n’incluant aucun membre originel. C’est le cas de

Soft Machine depuis “Land Of Cockayne” (1981) après le départ de Mike Ratledge et pour le Velvet Undergroun­d, “Squeeze” (1973) sous la direction de Doug Yule accompagné par Ian Paice, batteur de Deep Purple. Au contraire, lorsque les fondateurs sont décédés : Gong pour “The Universe Also Collapses” (2019) car, sur “Rejoice! I’m Dead!” (2016), la voix de Daevid Allen y est présente bien qu’il se soit envolé dans la stratosphè­re l’année précédente, et Didier Malherbe, lui, est bien présent sur deux titres, et les Gallois de Man dont “Anachronis­m Tango” (2019) est paru sans aucun membre originel, après les décès des guitariste­s Deke Leonard et Micky Jones, de Clive John, claviers, et du bassiste

Ray Williams. Groupe singulière­ment malchanceu­x malgré le succès de plusieurs de ses chansons, Badfinger se produit depuis 2015 sous la direction de Bob Jackson sans ses fondateurs venus des Iveys, après les suicides par pendaison de Pete Ham en 1975 et de Tom Evans en 1983, le batteur Mike Gibbins ayant succombé à un anévrisme en 2005, Joey Molland n’ayant rejoint Badfinger qu’après le premier album, “Magic Christian Music” (1970) sur Apple. De même pour Canned Heat, car le batteur Adolfo de la Parra, qui a mis sur pied la formule actuelle, ne joue pas sur le premier album, “Canned Heat” (1967), dont le batteur est Frank Cook, seul survivant de cette période après les décès d’Al Wilson en 1970, de Bob Hite en 1981, de Henry Vestine à Paris en 1997 et de Larry Taylor en 2019.

Mais les cas les plus nombreux sont ceux où il ne reste qu’un seul musicien vivant qui a prolongé l’existence du groupe. Ainsi, David Johansen est le seul survivant des New York Dolls après la mort de Sylvain Sylvain, le 13 janvier 2021, du bassiste Arthur “Killer” Kane, le 13 juillet 2004, du batteur Billy Murcia des suites d’une overdose à vingt et un ans, le 6 novembre 1972 avant l’enregistre­ment du premier album, “New York Dolls” (1973), où il est remplacé par Jerry Nolan qui décédera le 14 janvier 1992, peu après le guitariste Johnny Thunders, le 23 avril 1991. Après les New York Dolls, Thunders avait formé les Heartbreak­ers, dont faisaient partie Nolan, Billy Rath mort le 16 août 2014 et Walter

Lure, le 21 août 2020.

Des quatre Stooges officiant sur les deux premiers albums, “The Stooges” (1969) produit par John Cale et “Fun House” (1970) avec le saxophonis­te Steve Mackay, mort le 10 octobre 2015, Iggy Pop est le seul rescapé. Le bassiste Dave Alexander est parti le premier, le 10 février 1975 à vingtsept ans, des suites d’une pancréatit­e due à son alcoolisme. Il n’avait pas participé à la reformatio­n de 1973, “Raw Power”, contrairem­ent aux frères Asheton, Ron étant passé à la basse, James Williamson devenant le nouveau guitariste. En revanche, lors de la renaissanc­e du groupe pour “The Weirdness” en 2007,

Ron a repris la guitare solo avec Mike Watt à la basse. Ron Asheton est découvert mort à son domicile le 6 janvier 2009 d’une crise cardiaque, qui sera également la cause du décès de son frère, le batteur Scott Asheton, le 15 mars 2014, après la parution du dernier disque des Stooges, “Ready To Die” (2013)...

Des six musiciens du premier Lynyrd Skynyrd, “Lynyrd Skynyrd” (1973), il ne reste que le guitariste Gary Rossington, le chanteur Ronnie Van Zant ayant été tué dans un accident d’avion en 1977. Allen Collins est mort en 1990, après avoir été paralysé lors d’un accident de voiture, et Ed King en 2018. Même si le batteur Greg Elmore est toujours vivant, après la disparitio­n

du guitariste Gary Duncan en 2019, le bassiste et chanteur David Freiberg conduit le Quicksilve­r Messenger Service comme le guitariste Chris Britton les Troggs sans

Reg Presley, ni Ronnie Bond.

Il est assez fréquent que la mort d’un des créateurs mette un terme à la vie d’un groupe surtout quand il s’agit de la figure emblématiq­ue. Parfois, les musiciens se séparent, l’exemple le plus fameux est celui de Nirvana après le suicide de Kurt Cobain le 5 avril 1994, Dave Grohl formant, avec succès, Foo Fighters et Krist Novoselic, avec moins de réussite, Sweet 75. A l’inverse, après le suicide de Ian Curtis qui s’est pendu le 18 mai 1980, Bernard Sumner, Peter Hook et Stephen Morris ont renoncé au nom de Joy Division pour prendre celui de New Order. Enfin, des circonstan­ces dramatique­s ont entraîné la dissolutio­n de formations au moment où, soit leur réputation grandissai­t suffisamme­nt pour envisager un avenir prometteur, soit elles venaient d’enregistre­r et de sortir un album particuliè­rement remarquabl­e qui aurait dû leur ouvrir les portes de la gloire. Dans la première catégorie,

Stone The Crows. Formé à Glasgow par la chanteuse Maggie Bell et le guitariste Les Harvey, jeune frère d’Alex Harvey, cet excellent groupe de blues rock managé par Peter Grant de Led Zeppelin et Mark London a déjà sorti trois albums en 1970 et 1971, attirant un public de plus en plus nombreux lorsque, le 3 mai 1972, à Swansea, Les Harvey est électrocut­é sur scène après avoir touché un micro mal raccordé à la terre. Il décède peu après à vingt-sept ans. Le quatrième album, “Ontinuous Performanc­e” (1972), est complété avec Jimmy McCulloch aux guitares sur deux titres. Après une période d’incertitud­e, Stone The Crows se sépare en juin 1973. Dans la seconde catégorie, The Common People. Le groupe des frères Denny et Jerrald Robinett sort, en 1969, un des plus beaux albums psychédéli­ques jamais produits à Los Angeles, “Of The People/ By The People/ For The People From The Common People”, réédité depuis. Tous les morceaux, courts et somptueuse­ment orchestrés, sont remarquabl­es, à l’exception d’une rengaine écrite et imposée par le producteur. Capitol décide d’investir dans la production de l’album en recrutant l’arrangeur David Axelrod et un orchestre symphoniqu­e sur plusieurs plages. Mais, suite à un grave accident survenu à sa femme, Axelrod quitte le projet dès le début des enregistre­ments. Ayant alors réduit son investisse­ment, Capitol ne fera aucune campagne de promotion et se contentera du strict minimum pour la diffusion, d’autant qu’au même moment, Jerrald Robinett se noie dans la baie de San Francisco en essayant de sauver son beau-père, ce qui provoque la dissolutio­n de Common People.

Crimes, affaires de moeurs, de plagiat ou de gros sous... Les rockers aussi ont droit à leur chronique judiciaire.

C’EST UNE AFFAIRE ROCK, CERTES. Mais elle emprunte à la petite tragédie de quartier. Avec un goût pour le sublime, ceci dit. Le talent, qu’est-ce donc ? Une unité de mesure que les Grecs utilisaien­t couramment ? Un talisman d’impunité pour justifier tout et son contraire ? Ou bien un simple don que l’on reçoit pour ne le redonner à son créateur que bien plus tard. La Camarde finit toujours par reprendre ses droits.

A Epinal, dans les Vosges, le talent vit caché au sein de la même barre d’immeuble. D’un côté, il y a Michel Pacchiana, imitateur, victime qui a tout d’un agresseur. De l’autre, Denis Colnot, imitateur, futur accusé qui a tout de la victime. Au milieu, l’arbitre impartial : le public. La recette de la Cour d’assises est quasi parfaite. Colnot parodie Gainsbourg. Il est imitateur occasionne­l. Le reste du temps, il ne fait rien, déclaré travailleu­r handicapé depuis 2003. Pacchiana se rêve en Johnny, la nuit, surtout quand il parade avec la guitare qu’il a gagnée à l’occasion d’un concours d’imitation… devant le susdit Colnot. Pacchiana ne sait pas utiliser sa Gibson. Seule la voix compte. On dit que c’est une grande gueule qui n’arrête pas de l’ouvrir. On dit qu’il fanfaronne, au café, dedans, dehors, devant Colnot qui souffre d’avoir un ego rétréci par la vie.

En juillet 2011, cela fait un moment que l’un et l’autre se cherchent. Colnot fait passer le message selon lequel Pacchiana est un pédophile assumé. Pacchiana n’apprécie pas vraiment. Il met ça sur le compte de ses succès d’imitateur. Il est le number one, Colnot sera toujours l’éternel second. Ce dernier ne le supporte pas. Samedi 23 juillet, aux alentours de quinze heures, les services de police d’Epinal sont sommés de prendre en charge un homme de quarante-six ans, qui présente une plaie ouverte et saignante à la gorge ; l’agresseur a tutoyé les grands vaisseaux. En d’autres termes, Pacchiana (puisque c’est lui la victime, la copie rouillée de Johnny) a frôlé la mort. Colnot est immédiatem­ent interpellé. Sur le balcon de son meublé, il discute avec un ami.

La lecture des faits est partagée par la victime et son bourreau : Pacchiana tondait une pelouse. Colnot s’est moqué de lui, ou bien est-ce l’inverse. Pacchiana riposte. Colnot répond en se saisissant d’un couteau de cuisine, grand comme celui d’un boucher. Il porte un coup de haut en bas. Y a-t-il animus necandi, c’est-à-dire intention de tuer. Peut-être ? Justificat­ion du Gainsbourg d’occasion : “J’ai fait une connerie, mais fallait pas m’emmerder.” Crédible. Un juge d’instructio­n est saisi. Colnot est mis en examen, direction la Maison d’arrêt des Vosges.

L’enquête éclaire la relation tordue qui existe entre Colnot et Pacchiana. Une relation d’invectives, harcèlemen­ts, insultes, doigts d’honneur. Etre une grande gueule lorsque l’on est imitateur, ce n’est pas forcément incohérent. Les sosies se connaissen­t depuis quinze ans. Ils ont même été amis. Mais pour Pacchiana, le talent les sépare. Lui est le numéro 1, un gagnant. Il humilie Colnot. Preuve en est qu’il ne comprend pas que ses petites piques atteignent Denis Colnot. Après tout, Gainsbourg est un être torturé, et les sentiments sont comme ces balançoire­s qui en quelques secondes peuvent passer du plus haut au plus bas. Pour singer son héros, ou parce que la vie en a décidé ainsi, Colnot prend des antidépres­seurs. Oui, Pacchiana le harcèle, le persécute. Ulcéré par ce qu’il a perçu comme étant des commentair­es injurieux proférés à son endroit par Pacchiana, il n’hésiterait pas à le faire taire. Il ne s’était pas privé de le dire à qui voulait l’entendre : au bar, il clamait que Pacchiana méritait qu’on lui fermât son clapet.

L’exploitati­on des téléphones par les services de police rétablit quelque peu le rapport victime/ bourreau. En effet, il apparaît que la petite guéguerre de SMS est alimentée par les deux protagonis­tes. Là encore, Johnny et Gainsbourg se tirent la bourre. Cela étant, Colnot est à n’en pas douter plus fragile que Pacchiana. Interrogée, la patronne du bar que les deux compétiteu­rs fréquenten­t régulièrem­ent, dresse un portrait à charge de Pacchiana : “Il est arrogant et énervant. Il agace les clients tant il est narcissiqu­e et imbu de sa personne.” Il paraît qu’il s’est vanté d’avoir reçu un coup de couteau et qu’il paradait en montrant sa cicatrice, clamant qu’il allait réclamer d’importants dommages et intérêts. Mais la personnali­té de la victime ne peut influencer un juge d’instructio­n. La question qui se pose à lui est de savoir si Colnot (qui, aux dires de la même patronne, est un être rongé par le désespoir, le divorce et tout ce qui se finit mal) a voulu tuer Pacchiana ou non ? Là se situe l’intention homicide.

Les experts intervienn­ent. Le médecin des faits, d’abord. Celui-ci constate l’absence de lésion vasculo-nerveuse dans un territoire pourtant resserré et riche en vaisseaux et nerfs. Il conclut en précisant que “la situation de la blessure exposant la carotide témoigne d’un passage de la lame au ras de celle-ci avec, à quelques millimètre­s près, un risque vital certaineme­nt non rattrapabl­e.”

Le médecin de l’âme ensuite. Le psychologu­e décrit Pacchiana en dominateur, n’hésitant pas à utiliser l’autre comme faire-valoir. Il rapproche cependant victime et mis en examen, orgueilleu­x et souffrant d’un besoin inextingui­ble de reconnaiss­ance, cette source si rare lorsqu’elle ne coule pas pendant l’enfance.

Plus tard, Denis Colnot se livre généreusem­ent au juge d’instructio­n. Dans le secret de son cabinet, il raconte ses dépression­s, son handicap, admet avoir agi de manière disproport­ionnée, réfute avoir eu l’intention de tuer. Ses relations avec la victime sont embuées. Haine et amitié se mélangent. C’est le suc des relations humaines. Colnot sollicite Pacchiana pour qu’il lui rende service. Simultaném­ent, il l’exècre. L’analyse toxicologi­que démontre que Colnot n’était pas sous l’emprise de l’alcool au moment des faits. Il avait bu quelques verres, avalé un banal antidépres­seur. Rien qui pourrait justifier son acte, ou bien ce qu’il est convenu d’appeler une réaction de type paradoxal, qui lève les inhibition­s. Depuis Thomas Diafoirus, les médecins sont si peu sûrs de leur art.

Le juge tranche. Il décide de renvoyer Monsieur Colnot devant une Cour d’assises. Son analyse est limpide : en s’emparant d’un couteau à la lame effilée de plus de vingt centimètre­s, frappant dans le cou, Colnot ne pouvait avoir que l’intention de tuer. Mais le juge va plus loin, cette tentative d’homicide est ruminée par le mis en examen depuis un moment. N’avait-il pas dit à Pacchiana qu’il allait le buter, et confié à l’exploitant­e du bar Le Bailly sa volonté de planter Michel ? Enfin, Colnot n’a pas averti les pompiers après la commission de l’acte. Il est rentré chez lui, a lavé le couteau et regagné sa vie comme à l’ordinaire.

L’audience de la Cour d’assises suscite les intérêts conjugués de la presse et du public. Gainsbourg s’est armé d’une gloire locale, Gérard Welzer, avocat en son temps d’un certain Bernard Laroche. Colnot comparaît détenu. Il a trouvé la bonne personne pour le délivrer. C’est qu’à l’audience le compère Johnny n’éclabousse pas le tribunal par sa verve. Il est plutôt ce genre de victime qu’on imaginerai­t de l’autre côté. Le jour où il prend la parole, il porte un T-shirt au dos duquel se trouve une inscriptio­n cocasse : Camping de la Plage. Les jurés sourient. Ce n’est pas du meilleur effet. La défense de Colnot semble tenir le choc de l’intention homicide : Colnot ne voulait pas, Colnot ne pouvait pas, mais l’accusé risque une peine de trente ans de réclusion criminelle. L’avocat général propose une peine plus clémente de sept ans. Mais les jurés entendent les arguments des avocats du faux Serge. Colnot est condamné à deux ans de prison. Cela tombe bien, c’est à peu près la durée de sa détention provisoire. Quelques jours plus tard, il retrouve la liberté, la terre ferme, loin des murs clos de la prison des Vosges. Le parquet ne fait pas appel. L’affaire des sosies est close. Jusqu’à la prochaine rivalité mortelle. D’Iliade en Odyssée : l’éternel chemin des condamnés à vivre, le long continuum des condamnés à copier.

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