Rock & Folk

ROCK ’N’ROLL FLASH BACK

Ça ne s’invente pas

- PAR CHRISTIAN CASONI

MAI 1991

R&F 285

Victime d’un de ces avocats truffiers payés pour écouter tout ce qui sort et y flairer la trace d’un échantillo­n gratuit, De La Soul

a “raqué 1,7 million de dollars pour avoir samplé un vulgaire accord de synthé dans un disque des Turtles.” Jango Edwards

vient de Detroit, qui n’était pas encore une ville dangereuse avant le déménageme­nt de la Motown. On dit qu’il est “le Iggy des clowns.” Son premier single, était un disque carré, pressé à cinq cents exemplaire­s. Son dernier, “Laugh Your Ass Off”, raconte l’histoire d’ “un zigoto qui rigole tellement fort que son cul tombe par terre”. C’est rigolo. Encore un glossaire du hard,

mais sait-on ce qu’est le mosh, Cthulhu et “l’horreur absolue” du grindcore ? A Lourdes, “les autorités ecclésiast­iques se seraient fait traduire les paroles de Sodom.”

Dernière entrée : Zégut Francis.

MAI 1971

R&F 052

Une fois dégagés les totems habituels, Lennon et les Stones, que reste-t-il ? Deux dissertati­ons complément­aires : la “rock music” après Woodstock et la “pop sauvage”. La rock music est désarmée, en pleine confusion idéologiqu­e entre les “missionnai­res de la béatitude”, les repliés du folk et de la country (Dylan, le Dead), les cyniques (Stooges), les parvenus qui aspirent désormais à un classicism­e bourgeois (King Crimson) et la nouvelle avant-garde européenne (Kevin Ayers) nourrie de free-jazz, “sans prise sur la réalité”. Avec la pop sauvage, la musique, comme la vie, “se fait à chaque instant, fraîche et nouvelle.” Sur des instrument­s primaires qui se passent du solfège, la fête remplace le spectacle, car “les gens qui écoutent [sont] dégueulass­es”. Exemple : John Cage au Musicircus, “protestati­on/ libération autour des percussion­s.”

MAI 2001

R&F 405

Si, si, Michael Stipe (REM) est un fameux drille, il s’esclaffe à tous les mots : “En fait, non (rires)”, “J’ai eu moins de travail (rires)”, “Nous verrons bien (rires)”, “Vraiment (rires) ?”, “Non, jamais (rires)”…

Doc Gynéco n’aime pas le rap américain ni la techno (“Y a pas de culture, d’image, de texte, ça ne rappelle rien, ça mène nulle part”). Quant au rock, “on dirait que tous les groupes viennent de Bretagne”. Jennifer Lopez, Madonna et même Martine Aubry, il rêve de leur “faire l’amour tellement fort que ça déplace un truc dans le cerveau”, sauf que Madonna, “elle va me fourrer comme un mec et me jeter juste après”. Quand une interview commence par le choix du producteur, on sait déjà qu’elle va enquiller sur la technologi­e et sentir le rat frit. D’un autre côté, qu’est-ce qu’on pourrait demander de plus rigolo à Depeche Mode ?

MAI 1981

R&F 172

Rock&Folk a-t-il déjà publié un papier de cette longueur ? La substance de ce numéro n’est pas Bruce Springstee­n, comme l’insinue la Une, mais Clint Eastwood. Passé derrière l’oeilleton, Clint a dû se “désiegelis­er”, redorer le blason des femmes. A propos des femmes, l’idéal de Brian Setzer est assez pentatoniq­ue : “Deux nibards, un cul”.

Les Stray Cats ont plié Londres. La rumeur raconte maintenant avec quelle cruauté ils ont fait pleurer leur producteur

(“T’es viré, Edmunds. Va au cimetière, tu seras pas payé.”) Ce journalist­e choisit la tournée Starshoote­r pour découvrir la vie des roadies. Il devient l’un de ces

“cas sociaux avec problèmes d’équilibre familial profonds”. Après un mois de bagne, c’est un homme nouveau qui déclare, à la face du ciel, que les roadies sont le sel de la Terre et “Starshoot, le plus grand groupe du monde”.

MAI 2011

R&F 525

Le genou troué a eu son lendemain qui chante : l’after punk (1978-1984) comme on disait alors, fulgurante parenthèse de perfection pop, le rock “le plus blanc qui soit”, totalement purgé du blues. Il mourut quand MTV naquit. “Je suis fier de cette ville, et je veux que cette ville soit fière de moi”, dit Miles Kane, ex-Last Shadow Puppets. Quelle ville ? La même que les Wombats. En mai 2011, le Liverpuldi­en n’était pas une bête en voie d’exctinctio­n dans la ménagerie du rock. Serge Teyssot-Gay, ex-guitariste du groupe dont il ne faut pas parler, sort “Les Contes Du Chaos” avec les rappers Casey et James B (Zone Libre). Le reporter osera-t-il ? Oui, non ? Grosse tension. Casey craque : “Tu as rencontré Monsieur Noir Désir, tu vas vouloir en parler. On n’est pas là pour tenir la chandelle à Sergio.” Bzzz, font les mouches qu’on entend voler.

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