Le symbole des nunuches ?
A une époque où le troisième âge n’est pas à la fête, “Sold Out” (Soleil) de Phil Castaza est une histoire marrante qui rend bien hommage aux aînés. Prévu comme un diptyque, ce premier volume raconte les aventures de deux septuagénaires bien décidés à prouver au monde qu’ils ne sont pas aussi vieux que leur entourage le pense. Après quarante-six ans de mariage, Jane, la femme de Georges, meurt d’un cancer. Avant d’y passer, elle interdit à son mari de porter le deuil et lui ordonne de se trouver rapidement quelqu’un. Après quelque temps de réflexion, il renoue avec son ami Jean-Pierre, qu’il n’a pas revu depuis un quart de siècle. Tout en écoutant des chansons des Rolling Stones, Georges convainc son ami de redevenir le grand Vince Meteor qu’il était en 1966. Après avoir ressorti Mustang, P-bass et bouteille de scotch, les deux décident de reformer le groupe tandis que sa progéniture aimerait bien caser Georges dans un EHPAD...
Que sont devenus les grands anciens de Rock&Folk ? A la lecture de “Les Mésaventures De Monsieur Lamour” (Alain Beaulet Editeur), on constate que Philippe Paringaux et Lionel Koechlin se portent très bien. Après l’avoir sortie dans un format texte illustré, les auteurs proposent cette fois une véritable bande dessinée avec des cases et des bulles. Paringaux a imaginé toute une série de petites saynètes qui détaillent des histoires d’amour qui finissent, forcément, mal en général, enluminées aux crayons de couleur par son complice. Le résultat est un mélange d’humour surréaliste, relevé d’une pointe de poésie. On suit, entre autres, les mésaventures de Mylène, jeune fille diaphane au look androgyne qui s’essaye à la new wave des années 1980 dans une cave de Saint-Germain-des-Prés. Bassiste de circonstance, Mylène trouve l’inspiration en écoutant le bruit des amortisseurs d’une R12 alors qu’elle copule avec son petit copain. Cette BD résume toute une époque.
Dans l’histoire des pionniers du rock, le film “La Blonde Et Moi” n’est pas seulement l’occasion de populariser le genre musical au cinéma : il invente le personnage de la blonde idiote à travers le rôle joué par Jayne Mansfield. A partir de là, cette carrière à peine lancée sera aussi le début d’une chute accélérée jusqu’à l’accident de voiture final. Mais qui était exactement cette actrice devenue le symbole des nunuches ? C’est ce que le scénariste Jean-Michel Dupont a voulu savoir avec “Sweet Jayne Mansfield” (Glénat), une enquête serrée sur la vie de la dame. Au fil des pages, la réalité dévoilée est tout simplement stupéfiante. Elle possédait un quotient intellectuel qui dépassait de quelque cinquante points son vaste tour de poitrine. Musicienne classique et linguiste, elle n’avait donc aucune chance face à la stupidité du monde du cinéma. Dessinée d’une impeccable ligne claire par Roberto Baldazzini, l’ouvrage est un beau et poignant voyage dans le temps.
Youpi ! Encore quelques semaines de patience et tous les vaccinés vont pouvoir aller encombrer les plages. C’est le moment de lire avec calme et sérénité “Francis En Vacances” (Cornélius) des duettistes Claire et Jake. Dans ce huitième volume des aventures du petit blaireau, les auteurs alignent les gags sous forme de strips en noir et blanc d’une page dans lesquels ils égrènent tous les problèmes qui guettent les futurs vacanciers. Heureusement, alors qu’il est question de noyade, d’enfant dévoré par un requin, de la garde des animaux domestiques, cette BD n’oublie pas d’aborder les vrais problèmes comme la radicalisation des gosses laissés trop longtemps à la garderie de l’hôtel-club. Le lecteur sera ravi d’apprendre qu’une réduction sur les vacances de l’année prochaine est proposée en cas de Djihad. Florilège d’humour noir soigneusement distillé par Jake Raynal, l’acidité du propos est contrebalancée par le trait choupinou de Claire Boulhac. Les enfants vont adorer lire ce livre.