Andy moi oui
Depuis les tours de Shauf confidentiels jusqu’aux majestueux tours de magie pop récents, tout Andy.
“Darker Days” (2009)
Gentiment renié par son auteur, le disque des présentations montre un artiste en formation. Le beau fingerpicking de “The Darker Night” signale l’obsession Elliott Smith, le duo Andy & Shauf sur “Crushes” prouve qu’il aime aussi Simon avec Garfunkel. Ailleurs, des résidus indie rock (“The Greatest Moments”) ou la fausse chorale du finale de “How Long” montrent qu’il se cherche encore.
“Waiting For The Sun To Leave” (2010)
Si “Darker Days” était le résultat de chansons accumulées sur des années, celles de “Waiting For The Sun To Leave” viennent d’éclore en tournée, en jouant dans des bars où la clientèle ne fait même pas semblant de l’écouter. Dommage pour elle, elle passe à côté d’ “Open”, premier mini-chef-d’oeuvre folk.
“The Bearer Of Bad News” (2012)
Le titre montre un beau sens du contre-pied, tant le disque est de bon augure. Le Andy Shauf qu’on connaît aujourd’hui naît ici et balance plusieurs pépites magistrales. Le charme délicieux de “Hometown Hero”, le pathétique de “Jerry Was A Clerk”, la pop baroque approximative de “Drink My Rivers” ou les huit minutes ravagées de “Wendell Walker” ne laissent plus place au doute. Il faudra pourtant attendre sa ressortie en 2015 aux USA pour que ça se sache.
“The Party” (2016)
Le premier concept album, le premier publié chez Anti-, contient plusieurs des chansons les plus marquantes de son auteur (“The Worst In You’, “Twist Your Ankle”). Les arrangements prennent beaucoup de place (peut-être trop, selon Andy lui-même), mais c’est souvent comme ça quand un talent pop majeur déploie ses ailes. Plébiscitée par les radios chics, la “The Magician” d’ouverture devient presque la chanson thème de l’artiste.
“Foxwarren” (2018)
Le même, mais à plusieurs. Andy retrouve son groupe de jeunesse et ressuscite les chansons qu’ils avaient laissées sur le bas-côté des années plus tôt. Le son est plus indé qu’en solo, moins soyeux, moins apprêté sans doute. Shauf se libère de son tout frais statut d’orfèvre pop pour une approche plus organique. Les meilleurs titres (“I’ll Be Alright”, “Your Small Town”) lui donneraient presque raison.
“The Neon Skyline” (2020)
Un disque comme du bon pain. Andy lâche les claviers, les ballades et les interludes musique classique, revient aux fondamentaux guitare, basse, batterie, et trousse des grooves subtils et surprenants (“Clove Cigarette”). Le phrasé cotonneux alterne entre humour neurasthénique, fatalisme pince sans rire et relativisme triste, comme si le Paul Simon lounge de “One Trick Pony” s’était mis en tête de transposer le “New York” de Lou Reed à Toronto.
Dans des bars où la clientèle ne fait même pas semblant de l’écouter