Sufjan Stevens & Angelo De Augustine
“A Beginner’s Mind”
Voix, choeurs célestes, orchestrations limpides, subtiles et raffinées sont les ingrédients qui définissent le style et la singularité du chanteur et multiinstrumentiste Sufjan Stevens en un savant mélange de folk, de pop, de rock et d’électro. Après un décevant “The Ascension” en 2020 et, en mai, un inattendu “Convocations”, quarante-neuf titres instrumentaux enregistrés en pleine période de Covid et de deuil de son père, pour “A Beginner’s Mind”, il s’est associé avec Angelo De Augustine, chanteur et guitariste, auteur de trois albums, dont le dernier, “Tomb”, sur Asthmatic Kitty, est réalisé avec le producteur Thomas Bartlett déjà à l’oeuvre sur “Carrie & Lowell” (2015), un des grands disques de Stevens.
Les deux musiciens ont véritablement fondu leurs voix à la tessiture très proche, leurs instruments et leurs inspirations tout au long de quatorze chansons écrites en commun. Isolé dans un chalet, le duo qui cumule aussi les fonctions de producteur, d’ingénieur du son et d’arrangeur, trouve l’inspiration en regardant des films. Si chaque pièce musicale se présente comme une bande-son imaginaire, elle ne correspond pas vraiment à l’atmosphère générale ou au sujet du film. Ainsi, à l’exception de “Back To Oz” ou de “Lost In The World”, les délicats arpèges, les ambiances mélancoliques, oniriques, les choeurs éthérés, les intonations de voix légèrement voilées des magnifiques “The Pilar Of Souls”, “You Give Death A Bad Name”, “Beginner’s Mind”, “Olympus”, “Murder And Crime”, “Cimmerian Shade” n’évoquent pas immédiatement “Hellraiser 3”, “La Nuit Des Morts-Vivants”, “Point Break”,
“Le Choc Des Titans”, “Mad Max” et “Le Silence Des Agneaux”. Sans la même charge émotionnelle que “Carrie & Lowell”, mais d’une belle homogénéité, “A Beginner’s Mind” en est un digne successeur.
JJJ1/2