My Morning Jacket
“My Morning Jacket”
Depuis une quinzaine d’années, le groupe de Louisville donnait l’impression d’une certaine confusion. A vouloir concilier des choses aussi éloignées que le funk, le folk, le hard rock, voire le prog, Jim James et ses troupes proposaient des oeuvres partant un peu dans tous les sens. Le premier volet de “The Waterfall” (2015) était particulièrement représentatif de cette dispersion, suite à quoi le groupe fit un break de cinq ans. Enregistré en mars 2020 à Los Angeles, juste avant la pandémie, cet album renoue avec une identité sonore plus cohérente. My Morning Jacket n’est pas revenu aux sonorités seventies qui précédèrent “Z” (2006), le son reste urbain, reposant sur des harmonies très riches, mais la synthèse des influences est ici bien plus organique. Le fantôme de Marvin Gaye rôde ici et là, celui de Prince n’est pas loin sur “Love Love Love” et sa superbe ligne de chant syncopée, Brian Wilson a certainement inspiré les cascades de “Lucky To Be Alive”, mais tout cela s’agrège désormais de façon naturelle. Le fait que James aligne des merveilles de mélodies d’un bout à l’autre n’est pas pour rien dans cette réussite. La chose vaut pour les ballades, brillantes — la rêverie jazzy de “The Devil’s In The Details”, “In Color” et “Out Of Range”, slows qui tuent, ou le final “I Never Could Get Enough” — comme pour les titres up tempo. Les paroles balaient le désenchantement face à l’hypnose numérique (“Regular Scheduled Programming”) ou les tribulations d’un groupe de rock en 2021, c’est-àdire fauché comme les blés. Ajoutons la ferveur toujours présente dans la voix de James, la souplesse d’un groupe rompu à toutes les finesses rythmiques, et on tient ici un album qui fait sacrément avancer la cause. JJJJ