No One Is Innocent

“Ennemis”

No One Is Innocent n’a jamais fait dans la dentelle, mais savait prendre autrefois des chemins de traverse plus aventureux et moins balisés. Dépassée la fusion des débuts tumultueux dans les années quatre-vingt-dix, oubliés le recentrage rock ou les tentatives technoïdes du début du siècle, le groupe fait désormais allégeance au rock metal qui cultive l’excès et la révolte. Les guitares rugissent, les rythmiques bastonnent, et Kemar, chanteur et leader du quintette actuel (après plusieurs changements de formule), éructe des textes offensifs et enflammés où il épingle “Les Hyènes De L’Info”, “La Caste” (des privilégiés) et les “Forces Du Désordre”. Dans “Nous Sommes”, il expose sans prendre de gants sa ligne de conduite : “Combat rock sale et sauvage/ Et refuser de rentrer dans la cage/ Combat rock c’est la graine de notre ADN/ A coups de décibels pour briser la haine”, et enfonce le clou dans le morceau final qui est un véritable manifeste (“Aux Armes Aux Décibels”) : “Hardcore dans la peau/ Lève le poing et montre les crocs.” Comme par le passé, le propos est sans équivoque et la détermination sans failles, mais cette stratégie de l’uppercut verbal s’appuie d’une manière redondante sur le même parti pris musical, privilégiant les tempos plombés et les déferlements sonores sans la moindre nuance. La seule pause à mi-parcours est brève et instrumentale (“Armistice”). L’ensemble prend alors l’aspect d’une coulée de lave ininterrompue et la rage cultivée d’une manière systématique perd de l’impact d’une introduction bénéficiant de l’effet de surprise (“Doberman”) et de quelques morceaux portés par un riff tournant (“Forces Du Désordre”) ou un rythme frénétique (“We Are Big Brother”). JJ1/2