Rock & Folk

Modern life is rubbish…

- VINCENT TANNIèRES

Patti Smith a fait son entrée au Panthéon. Oui. Le 7 octobre.

Et pas les pieds devant. Sixième femme.

Mais elle, de son vivant. Carrément rare, inédit pour l’endroit. Et pour y chanter. Y déclamer plutôt, ce qui, depuis André Malraux, est un mode oratoire goûté ici. Avec sa dégaine de squaw, ce qui, en revanche, est peut-être moins apprécié dans la vénérable bâtisse. On pourrait risquer, pour un concert à réveiller les morts ?

Que fallait-il y voir ? Que fallait-il comprendre au-delà de la performanc­e enregistré­e pour les cinquante ans de Fip ? Un hommage ? Un enterremen­t ? Celui d’un moment du siècle dernier ? Dans ce lieu pas si éloigné du Quartier Latin ?

En haut de la rue Soufflot où la jeunesse s’est castagnée pour avoir le droit d’être jeune, justement. Un enterremen­t des grands espoirs, ceux de plusieurs grands soirs auxquelles les années soixante et le rock avaient, à un moment, permis de croire ?

Ou bien un hommage à l’artiste Patricia Lee Smith, à sa carrière de “poétesse rimbaldien­ne” qui, au passage, vient de faire l’acquisitio­n de la ferme de la famille Rimbaud ? Pour une production de poésie écorespons­able ? Un hommage à l’amoureuse de la France ? Sa fille se prénomme Paris... Un hommage à cet esprit bohème disparu il y a déjà longtemps. Quand Paris était une fête... Un hommage à la femme engagée dans un peu toutes les luttes, tous les combats, hein.

Tous ceux en tout cas qu’il convient d’avoir aujourd’hui, même si elle, les mène depuis longtemps. Ecologie et réchauffem­ent climatique. Tri sélectif compris.

A son tour, et précédé par Moby, Chrissie Hynde,

Paul McCartney, Michael Stipe, tant d’autres,

Damon Albarn est lui aussi conquis par la cause.

Il nage avec des phoques. Mâles. Opportunis­me ? Air du temps ? Truc de génération ? La question est permise. Pourtant sa génération à lui, qu’on engloba un peu par commodité et pas mal par fainéantis­e aussi sous l’étiquette Britpop qui, en fait, était tout sauf homogène, ne semblait pas plus préoccupée que ça par la planète, à part pour la conquérir. Artistique­ment, bien sûr. Citer Pulp ne correspond en rien à débattre d’Oasis. Evoquer Suede ou parler de Cast, écouter Supergrass ou chiller sur The Verve ? Rien à voir... rien si ce n’est la contempora­néité et la localisati­on, bien sûr : l’Angleterre. Des trucs pas si anciens de la période dont on parle mais qui avaient déjà disparu. Appartenan­t à la génération d’avant. Des lieux. Des états d’esprit, vachement rétro pour la plupart.

Et... très anglais.

Au moment d’écrire cela, l’état de santé de la reine d’Angleterre préoccupe pour la première fois... Que voudra dire ce “God Save The Queen” dévasté par les Sex Pistols quand un roi sera couronné ?

Pendant ce temps-là, ABBA se reforme... Céline Brulin, sénatrice communiste de la Seine-Maritime, en perfecto au Palais du Luxembourg... et ce soir d’octobre, à vingt heures trente, l’entrée de Xavier Bertrand au Gymnase de Miserey-Salines, dans le Doubs, sur “Jump” de Van Halen...

“Le cinéma est mort et on ne le sait pas” dit Jacques Audiard.

Qu’en est-il du rock ?

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