Rock & Folk

Damon et merveilles

Trente-et-un ans de carrière depuis octobre 1990, date de sortie de “She’s So High”, premier single de Blur et début d’une flamboyant­e saga musicale, de la britpop à la musique africaine en passant par l’électro, le hip-hop et les torch songs.

- Par Olivier Cachin

“Girls&Boys”

Blur, album “Parklife” (1994)

Après un premier album baggy qu’il a vite détesté (“Awful”, a-t-il déclaré en 2007), et un second plus britpop, Damon envoie Blur dans la stratosphè­re avec “Girls&Boys”, ouverture d’un “Parklife” décomplexé et quadruple platine en UK. Remixé puis repris par les Pet Shop Boys, ce single immaculé est assorti d’une photo de pochette tirée d’une boîte de préservati­fs Durex. Sexy.

“Country House”

Blur, album “The Great Escape” (1995)

Numéro 1 des charts britanniqu­es mais peu apprécié par Damon, le quatrième album de Blur contient ce single qui sortit le même jour que “Roll With It” d’Oasis, un combat rock que la presse surnomma “battle of Britpop”. Le château bavarois illustrant le CD single n’est pas celui de leur ex-manager Dave Balfe, dont l’achat d’une maison de campagne inspira le titre de ce morceau vendu à près de six cent mille exemplaire­s. Blur 1, Oasis 0.

“Song 2”

Blur, album “Blur” (1997)

Album éponyme, chanson sans titre, gros carton : deux minutes et deux secondes, deux couplets, deux refrains, deux nomination­s aux MTV Music Video Awards… Et une deuxième place dans les charts pour “Song 2”, titre de travail qui garda son intitulé numérique. Selon que l’on apprécie Blur ou qu’on les déteste, ce single dynamique et sautillant est une parodie du grunge ou une pâle copie de Nirvana.

Même les Américains ne furent pas insensible­s à la puissance de ce morceau foutraque et irrésistib­le.

“Clint Eastwood”

Gorillaz feat. Del The Funky Homosapien, album “Gorillaz” (2001)

Premier single, premier carton pour ce groupe virtuel vite devenu réel. Intro western spaghetti, melodica, voix envoûtante, un clip avec des babouins au cul rouge qui entament une chorégraph­ie synchronis­ée comme dans “Thriller”… Meilleur commentair­e YouTube : “This is better than drugs”.

“On Melancholy Hill”

Gorillaz, album “Plastic Beach” (2010)

On se croirait dans un single new wave de 1981, jusqu’à ce que la paisible voix de Damon nous ramène vers des rivages plus contempora­ins. Lou Reed, Mick Jones, Paul Simonon, Snoop Dogg et De La Soul sont les invités cartoonisé­s du clip aquatique. “C’est bon d’avoir un authentiqu­e moment pop sur chaque album”, a affirmé le bassiste animé Murdoc. On valide.

“Hallo”

DRC Music feat. Tout Puissant Mukalo, Damon Albarn et Nelly Liyemge, album “Kinshasa One Two” (2011)

Juillet 2011. En cinq jours à Kinshasa, Damon plie un album ethno techno où se côtoient cinquante musiciens congolais, Dan The Automator, Richard Russell et le DJ-producteur US Totally Enormous Extinct Dinosaurs. La voix acide de Nelly Liyemge se marie à la perfection avec celle de Damon, qui ne chante que sur ce morceau, histoire d’assurer un single bankable à un disque dont les profits allèrent à Oxfam.

“Go Back”

Tony Allen feat. Damon Albarn, album “Film Of Life” (2014)

Grosse influence “The World Is A Ghetto” de War pour ce morceau produit par les Jazzbastar­ds, ex-backing band d’Oxmo Puccino, inclus sur l’album du batteur de Fela, de The Good, The Bad And The Queen et de multiples projets. Damon en jouera une version live sublime aux Independan­t Music Awards en août 2020, trois mois après la mort de celui qui symbolisa l’afrobeat.

“Everyday Robots”

Damon Albarn, album “Everyday Robots” (2014)

Beaucoup de mélancolie dans ce premier titre du premier LP solo, conçu pendant un embouteill­age à Los Angeles, douce critique de la technologi­e sur beat synthétiqu­e. Trente-quatre ans après, la suite (ana)logique du “We Are The Robots” de Kraftwerk.

“Out Of Time”

Orchestra Of Syrian Musicians feat. Damon Albarn, album “Africa Express Presents… The Orchestra Of Syrian Musicians And Guests” (2016)

Un orchestre de trente musiciens syriens, et Damon le visage pâle en coordinate­ur de cette fusion acoustique aux cordes orientales, adaptation inattendue d’une chanson écrite par Blur en 2003 (album “Think Tank”).

“Merrie Land”

The Good, The Bad & The Queen, album “Merrie Land” (2018)

Onze ans après un premier album inégal, TGTBATQ revient pour un baroud d’honneur, avec le Brexit comme déclencheu­r et Tony Visconti comme producteur. Démarré avec l’anaphore “If you are leaving”, cette chanson sonne comme un adieu au monde d’avant. Tristesse infinie, constat d’échec d’une civilisati­on autodestru­ctrice, grand morceau.

“Désolé”

Gorillaz feat. Fatoumata Diawara, album “Song Machine, Season One: Strange Timez” (2020)

Tiré du septième album des Gorillaz, ce mix entre pop song et groove mandingue est le deuxième épisode du concept “Song Machine”. En duo avec Damon, Fatoumata prouve que Désolé n’est pas le mot le plus compliqué, n’en déplaise à Sir Elton John.

“Particles”

Damon Albarn, album “The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows” (2021)

D’un dépouillem­ent monacal, ce titre en apesanteur est l’oeuvre d’un artiste qui a su se réinventer en trois décennies. Entre le joyeux bordel de “She’s So High” et la beauté polaire de “Particles”, des dizaines de chansons et autant de métamorpho­ses. Des cordes, un piano, une voix. C’est beau comme du Richard Hawley.

Le Brexit comme déclencheu­r et Tony Visconti comme producteur

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