Rock & Folk

Damon Albarn

“The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows”

- JÉRÔME SOLIGNY

PIAS

On l’a toujours bien aimé, Damon l’explorateu­r. Pour qui la britpop n’a été qu’un tremplin et non une planche de salut. Car Albarn, comme d’autres, aurait pu exploiter à mort le genre qui l’a fait connaître. Prospérer sur les décombres. Blur, c’était (et ça le sera à nouveau si ses trois copains et lui décident d’y retourner) de l’or en barre. Cumulard, Damon Albarn a aussi cartonné avec Gorillaz. Le groupe virtuel a généré pas mal de scepticism­e, à l’époque, du côté de sa maison de disques alors major (EMI), puis des profits à faire bander les banquiers. Depuis qu’il vaque hors de Blur — mais toujours bien accompagné (dans des supergroup­es ou ailleurs), Damon expériment­e, défriche, recycle avec goût, met du coeur à l’ouvrage. Tout ce qu’il touche musicaleme­nt ne se transforme pas systématiq­uement en métal précieux, mais le bougre peut se le permettre. Sans rapport direct avec “Everyday Robots” de 2014, ce second opus solo est tendu de ficelles que, dès qu’il est seul et pas trop en mode africain, Albarn se plaît à tirer. Suites d’accords souvent mineurs, mélancolie exacerbée, production chinée sur la grande muraille de l’ambient (ce matos électroniq­ue vintage...), voix de crooner lettré sous la poussière (la chanson-titre s’inspire d’un poème de John Clare), l’album est avant tout le journal de bord d’un récent séjour à Reykjavik où il a ses habitudes : une collection de réactions à l’humeur du monde

(le Covid, le décès de Tony Allen) et à la lumière islandaise vues par sa lorgnette. Pour ne rien spoiler, on ne retourne ici que quelques galets : “Darkness To Light”, “Royal Morning Blue”, “Daft Wader” et “Polaris”. Et on les remet en place, après écoute, afin qu’ils profitent à ceux qui passeront après.

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