Rock & Folk

Connan Mockasin

“Jassbuster­s Two”

- VIANNEY G.

MEXICAN SUMMER

Quel étrange spécimen que ce Connan Mockasin… Dans le clip de “Little Dark Age” de MGMT, il apparaît en moderne Nosferatu, ongles effilés à la Deleuze, lèvres épaisses et longs cheveux blonds façon Klaus Kinski. L’Ange du Bizarre, c’est lui. Pour comprendre l’insituable Néo-Zélandais, peut-être faut-il commencer par “Caramel” (2013), sorte d’exercice de style de soul pop érotique kitsch et un peu dégénérée. Le morceau éponyme s’ouvre avec un talk-over hilarant (“Oh, and what is this?/ This is something nice (ooh)/ Welcome, this is Caramel-mel-mel”) mais sonne à la fois groovy et flottant. Ensuite, une folie : ce “I’m The Man That Will Find You” fascinant en tout point avec ces sons de caisse claire qui semblent comme éclore de l’intérieur sur le refrain et ces vocaux invraisemb­lables (une sorte de croisement entre Marvin Gaye et le petit dernier qui fait sa crise). Sauf que Mockasin, après une dernière réussite (“Do I Make You Feel Shy?”), fatigué ou satisfait, sabote le reste de l’album, avec notamment une “suite” nommée “It’s Your Body”, éclatée en petits morceaux de moins de deux minutes… C’est le genre de semi-miracle qu’on espérait voir se reproduire. Las, bienheureu­x qui trouverait quoi que ce soit dans le fatras qu’est “Jassbuster­s Two”. On discerne des instrument­s (de la basse fretless par-ci, un peu de guitare espagnole par-là), des pépiements d’enfants, mais pas de chansons (exception faite de “Flipping Poles”, seul titre ressemblan­t à une oeuvre achevée), et pas tellement non plus de musique. C’est un peu le “Trout Mask Replica” — mais anesthésié et sans enjeu — d’une discograph­ie qui ne compte plus désormais que des “Trout Mask Replica”, une forme de bout du bout du jusqu’au-boutisme. Idéal pour un massage des pieds.

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