Rod Stewart
“The Tears Of Hercules”
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On l’a adoré. Puis on l’a détesté. Enfin, on l’a ignoré. Rod Stewart a été l’un des plus grands chanteurs de la musique qu’on aime. On ne va pas refaire le parcours, le mod sixties, le Jeff Beck Group, les Faces, les premiers albums solos magnifiques... On sait tout ça. Comme on sait le virage californien, puis disco, puis soupe. Et le retour dans la tradition Sinatra, “Great American Songbook” et compagnie. Alors qu’attend-on du trente-et-unième album de notre ex-idole ? Rien. Et on fait bien. Ce disque est complètement schizophrène. Il commence très mal, sur des espèces de rythmiques sautillantes, entre disco et variété hyper ringarde surproduite, avec “One More Time” (un dernier petit coup pour la route), “Gabriella” et “All My Days”.
C’est absolument atroce. Puis soudain, on retrouve notre Rod, avec une reprise de “Some Kind Of Wonderful” — créé par les Soul Brothers Six en 1967, mais surtout popularisé en 1974 par Grand Funk Railroad, ce groupe alors énorme aujourd’hui complètement oublié. Suivi d’une excellente surprise, un hommage à l’un de ses regrettés collègues, “Born To Boogie (A Tribute To Mark Bolan)”, rock’n’roll glam à fond. Avant de replonger dans l’horreur totale avec “Kookooaramabama” (ce titre !) et la suite, de la variété internationale comme on dit pudiquement... Jusqu’aux deux derniers morceaux, “These Are My People” de Johnny Cash, et enfin, le sommet, “Touchline”, une superbe chanson autobiographique et acoustique, un tire-larme comme seul Rod sait en pondre — on pense à ce chef-d’oeuvre qu’est “I Was Only Joking” – et qui rachète toutes les abominations précédentes. Ce qui laisse quatre titres à sauver, soit un tiers de l’album. Ça aurait fait un super EP. Un quoi ? ✪✪