Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
“The Future”
VIRGIN
Tout roule aux Etats-Unis pour Nathaniel Rateliff et ses Night Sweats. Les singles se classent en haut des charts, le groupe remplit de vastes salles (lorsqu’elles sont ouvertes) et fait figure de poids lourd de la scène soul actuelle. Ce qui semble justice au vu des talents de l’effectif, la ferveur du chanteur, la précision des musiciens. D’où vient donc la difficulté à s’enthousiasmer pour ce troisième album, alors que tous ces éléments sont à nouveau réunis suite à une parenthèse solo (réussie) du leader ? La production, se dit-on. Très compressée, avec une batterie gonflée aux hormones, des instruments empilés et guère de respirations : un parti pris typique de l’époque (Alabama Shakes), mais fatigant pour l’oreille — feu Richard Swift, aux manettes des deux premiers efforts, n’est plus de la partie... Bon, mais encore ? Le fait que Rateliff décalque par trop certains de ses maîtres ici et là, Bill Withers, Bruce Springsteen, Bob Dylan ou Otis Redding ? Oui et non, le reproche peut s’adresser à une myriade de compositeurs contemporains. L’absence de riffs mémorables, de hooks ? C’est en effet lorsqu’ils se font enfin entendre (“Love Me Till I’m Gone”, “Oh, I”, “Love Don’t”) que leur absence, ailleurs, se révèle criante : on semble avoir à faire, alors, à des titres folk habillés un peu à la va-vite de nippes soul. L’essentiel est certainement ailleurs, dans l’impression que Rateliff se force à faire ce que l’on attend de lui. Qu’à avoir trop conscience d’être attendu, il se raidit. Et semble moins s’amuser que lorsque cette aventure fut initiée, avec le relâchement jouissif de ceux qui n’ont plus rien à perdre, il y a une demi-douzaine d’années de cela. ✪✪1/2