War On Drugs
“I Don’t Live Here Anymore”
WARNER
En 2014, disque de la reconnaissance à la fois épique et intimiste, “Lost
In The Dream” n’avait que peu de rivaux avec son mélange de folk rock sous l’influence de Bob Dylan, de synthétiseurs et de guitares lumineuses, de space rock, de psychédélisme et de krautrock façon Ash Ra Tempel, traversé par le chant mélancolique d’Adam Granduciel en une osmose parfaite. Multi-instrumentiste, ce dernier était également le compositeur quasi exclusif du groupe. “A Deeper Understanding” (2017) prolongeait l’aventure dans une veine similaire, l’attrait de la découverte en moins. Précédé par “Live Drugs” en 2020, “I Don’t Live Here Anymore” a demandé trois ans de gestation pour le trio formé par Granduciel, le multi-instrumentiste Anthony LaMarca et le bassiste Dave Hartley, déjà présent avec Kurt Vile à la fondation du groupe, et créateur de Nightlands. Les bases de l’album posées, ce trio a été rejoint par le coproducteur Shawn Everett, Charlie Hall, Robbie Bennett et Jon Natchez, tous déjà associés à la réussite du disque précédent. Si la fuite et le souvenir restent des constantes, l’ensemble est moins introspectif, peut-être en raison d’une écriture plus collaborative. Cette impression est renforcée par une orchestration plus dense, trop par moments, l’influence de Dylan cédant peu à peu la place à celle de Bruce Springsteen, parfois dans le même morceau, “Harmonia’s Dream”, “Old Skin”, ou de Tom Petty, “Wasted”. L’utilisation de la réverb, en particulier sur la chanson “I Don’t Live Here Anymore”, accentue cette tendance et fait perdre un peu de sa singularité à War On Drugs. Cela écrit, l’album dans son ensemble est plutôt bon, boosté par “Living Proof”, l’addictif “Victim”, “I Don’t Wanna Wait”, “Rings Around My Father’s Eyes”, “Occasional Rain”.
✪✪✪