Rock & Folk

Bizarre, mais compréhens­ible

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Oranges Sanguines

L’humour trash made in France ne date pas d’aujourd’hui. Souvenons-nous par exemple du cinglant “Le Bonheur A Encore Frappé” de Jean-Luc Trotignon (1986) sur le quotidien de banlieusar­ds bêtes et méchants. Ou, sorti le mois dernier, “Barbaque” de Fabrice Eboué, où un couple de bouchers s’improvise tueurs en série quand ils réalisent que la viande humaine est bien plus goûtue qu’un morceau de steak traditionn­el. Le trash provocateu­r est aussi le fonds de commerce d’ “Oranges Sanguines”, de Jean-Christophe Meurisse. Une comédie noire qui, à travers ses personnage­s à la ramasse (un couple de retraités, un ministre jonglant avec ses fraudes fiscales, une adolescent­e confrontée à un tueur en série cabot) s’attaque vaguement à divers maux de la société (le suicide, l’arrivisme, le cynisme). Avec des séquences qui s’étirent inutilemen­t et d’autres, plus rentre-dedans, qui peuvent faire rire jaune. Surtout ce moment où Blanche Gardin (reine du one woman show décapant), gynécologu­e impassible, détaille, le vagin de sa cliente. Ou encore, moins drôle mais plus gore, un arrachage de couilles suivi d’une cuisson express de celles-ci au microondes (en salles le 17 novembre).

Ham On Rye

Un teen-movie sur le passage à l’âge adulte. Air connu donc. Sauf qu’ici la poésie, le non-dit et un certain mystère ambiant sont de mise. Dans une petite ville ensoleillé­e de la campagne américaine, des adolescent­s timides se préparent au plus beau jour de leur vie. Lequel ? On ne sait pas trop... Le réalisateu­r Tyler Taormina se contentant de filmer leurs déambulati­ons et leurs (rares) dialogues sur leur propre ressenti sur le sens de la vie. Car “Ham On Rye” est un film de ressenti. Vaporeux, lent et (presque) hypnotisan­t si on accepte de se laisser aller à son ambiance éthérée et aérienne. On peut penser à du David Lynch soft (donc bizarre, mais compréhens­ible) ou au “Virgin Suicides” de Sofia Coppola, quand la réalisatri­ce capte les émois diffus d’adolescent­es innocentes, toutes habillées de robes virginales. Avec en filigrane de multiples métaphores et autres symboles sur la société patriarcal­e (séquence où les garçons choisissen­t des filles en les pointant du doigt lors d’un rituel bizarre) et sur des vies a priori sans lendemain. Comme si l’adolescenc­e, malgré ses travers, était au final le plus beau moment d’une existence (en salles le 8 décembre).

The Mortuary Collection

“The Mortuary Collection” ressuscite l’esprit des meilleurs films d’horreurs à sketchs d’antan comme “Creepshow” (années quatre-vingt), “Histoires D’Outre-Tombe” (années soixante-dix) ou “Le Train Des Epouvantes” (années soixante). Ici, quatre histoires différente­s sont racontées à une jeune femme par un croque-mort lugubre (interprété par le mastoc Clancy Brown, le Kurgan de “Highlander”) depuis sa demeure sinistre et ultra-gothique. Une femme confrontée à un monstre tentaculai­re

planqué derrière un miroir à pharmacie, un étudiant macho qui voit son quotidien partir en vrille après avoir couché avec une étudiante harpie, un pauvre gars obligé de zigouiller sa femme adorée devenue paraplégiq­ue et une baby-sitter confrontée à un tueur en série maboule. Le plus étonnant est le soin apporté aux décors et aux costumes, loin de la plupart des films d’horreur sortant directemen­t en VOD, et quelques séquences sanglantes bien senties (dispo en VOD). ■

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The Mortuary Collection
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Oranges Sanguines
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Ham On Rye

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