Rock & Folk

ROCK ’N’ROLL FLASH BACK

Ça ne s’invente pas

- PAR CHRISTIAN CASONI

DÉCEMBRE 1991

R&F 292

L’ “interview-vérité” d’Etienne Daho est un gros baquet d’eau tiédasse. Même Nicolas Sirkis a plus de mordant. “Peut-être qu’on est trop con et qu’on n’arrive pas à splitter.” Après dix ans d’Indochine, Sirkis emmerde tout le monde, les Inconnus, Thierry Ardisson l’ “enfoiré”, les journalist­es qui brocardent sa voix (“On n’est pas là pour faire de l’opéra”) et ses textes (“Putain, je fais pas des cours de français”). Fin 1991, Nirvana est encore une curiosité. “Nous sommes mous, fatigués avant d’avoir lutté.” Kurt Cobain rote tout le long de l’interview. “Vous avez choisi votre nouveau batteur parce qu’il rote beaucoup ou pour son jeu ? – Non (rot). C’est le seul qui tienne le coup avec nous.” On demande aux Cramps ce qu’ils attendent des 90’s. “La physique du chaos nous apprend que personne ne sait rien.” Etienne Daho, physicien du chaos !

DÉCEMBRE 1971

R&F 59

Deux qui partent : Gene Vincent et Duane Allman. Un qui arrive : Hamster Jovial.

Du Velvet Undergroun­d originel, il ne reste que Maureen Moe Tucker. Les Stooges ne sont plus nulle part eux non plus. L’étoile décadente qui monte s’appelle Alice Cooper. Une date unique à Paris, Espace Cardin. “Vous ne pouvez imaginer [l’énergie] d’un concert pop à Detroit, sur et hors de la scène”, dit Alice. A Paris, ce sera devant Alain et Nathalie Delon, Omar Sharif, Aragon et Pierre Cardin. Le film “Mad Dogs And Englishmen” raconte cet épisode de grâce que fut la tournée américaine de Joe Cocker, à laquelle l’avait contraint le Syndicat des Musiciens, sous peine d’être interdit d’exercer aux Etats-Unis. Leon Russell lui dégote un avion, pousse dedans quarantetr­ois personnes dont Rita Coolidge, des musiciens, choristes, technicien­s, roadies, enfants... et des animaux.

DÉCEMBRE 2001

R&F 412

Suge Knight est une brute, un gangster, le patron de Death Row, équivalent pour le rap de ce que Motown fut à la soul (NWA, Dre, Snoop Dogg). Il tient la côte Ouest et traite ses affaires au calibre et à la batte. Ce n’est pas pour rien qu’il est affilié aux Bloods (RIP Tupac et Notorious Big). Knight sort de prison, tout le monde porte une couche-culotte comme dirait Vanilla Ice. “Quelquefoi­s, on perd le contrôle de la situation, mais on n’a jamais cassé la gueule de quelqu’un qui ne le méritait pas.” Suge, c’est pour Sugar. Mick Jagger sort son quatrième album solo, “Goddess In The Doorway”. Il avait fait un duo avec Bowie, il en fait un avec Bono. Sont-ils ses chanteurs préférés ? “Bono et Bowie (crise de rire) ? Putain de question (fou rire) !” Disque du mois : “The Richmond Sluts”. Film du mois : “Battle Royale” (Kinji Fukasaku).

DÉCEMBRE 1981

R&F 179

Le miracle serait de tomber sur un numéro sans Mick Jagger en couverture ni en interview. Les Stones en sont à “Tattoo You”. Jagger est-il aussi arrogant qu’on le dit ? “Comment fait-on pour être arrogant ? J’ai oublié. OK, soyons arrogants (cris).

Et une arrogance bidon, une.” Etrange entrée en matière pour introduire le topo sur “The Great Rock’n’Roll Swindle” :

“Ces merdes humaines de punks. Songez à ce qu’il reste d’eux : Clash ! Le groupe le plus minable que cette douloureus­e épopée du rock ait connu depuis les odieux Tremoloes.” Un qui défend Clash contre les rock-critics en revanche, c’est Ian Hunter : “Tout ce que ces faux culs ont le droit de faire, c’est d’admirer Clash et de s’écraser”. Georges Brassens ne fumera plus sa moustache, lui qui fut “le premier chanteur-à-textes-avec-une-guitare, formule pratiqueme­nt inventée par lui”.

DÉCEMBRE 2011

R&F 532

Pour Vince Taylor, la chute commença le 18 novembre 1961, dans un Palais des Sports ravagé par les blousons noirs. Les labels préférèren­t alors miser sur les “gentils yéyés”, puis sur les Beatles. L’archange se retrouva sous LSD à San Francisco, “vétéran des guerres psychiques”, mais il mourut heureux en Suisse, chez sa protectric­e. Izia est charnelle, elle a une grosse patate, une nouvelle voix qu’elle brûle de montrer à son public, et elle a raison, comme tous ceux qui font du rock à vingt ans car, après, on ne sera jamais qu’un simulateur. On ressort “Some Girls”. Ron Wood : “Nous voulions montrer à ces punks comment être punk”. Avec “Miss You” ? Vous voyez Leslie West, le gros qui solotait chez Mountain ? Il a fondu, s’est coupé les cheveux, a abandonné un bout de sa jambe au diabète... Maintenant il ressemble à Clint Eastwood, dis donc !

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