Michael Hurley

“The Time Of The Foxgloves”

Michael Hurley est un original absolu. Un maverick, comme disent ses compatriotes, mot qui implique une certaine solitude. Disons que c’est un secret bien gardé. Il aura quatre-vingts ans quand sortira cet album, son premier en douze ans, mais ce n’est pas un nom établi de la musique américaine, même s’il est apparu à Greenwich Village en même temps que les usual suspects — son premier disque, “First Songs”, est sorti en 1964 ! De quelle musique parle-t-on, d’ailleurs ? Les critiques ont été obligés d’inventer des noms : outsider folk, freak folk... Rien que pour lui ! Pourtant, pour certains artistes, et non des moindres, c’est un héros. Des gens comme Cat Power, Yo La Tengo et Cass McCombs, qui ont repris ses chansons, mais aussi Jesse Colin Young ou Devendra Banhart, qui l’ont signé sur leurs labels pour qu’il puisse sortir ses disques foutraques et géniaux. A côté des productions de Hurley, celles de Jonathan Richman, c’est du Phil Spector. Ce dernier album ne déroge pas à la règle, rempli de chansons formidables enregistrées sur un coin de table, seul ou avec ses amis. Ça racle, ça gratte... Avec de vrais moments de grâce, quand des instruments aussi inattendus que la clarinette basse, le violon ou la guitare acoustique slide se marient magiquement, comme sur la superbe “Are You Here For The Festival” d’ouverture. Une chanson plus arrangée qu’à l’habitude, parfaite pour entrer dans cet univers bringuebalant, lumineux et terriblement attachant. Sur un autre titre, on retrouve la voix étrange de Josephine Foster, et ce n’est pas une surprise. Ces gens sont de vrais originaux, pas des poseurs faisant semblant pour se faire remarquer. Outsider du mois. ✪✪✪