Neal Francis
“In Plain Sight”
Après avoir enregistré en 2019 un remarquable premier album teinté d’influences jazz et R&B façon New Orleans (“Changes”), le chanteur et pianiste prodige Neal Francis revient avec un album de rupture où il soigne son tourment dans le groove. Sans domicile après sa séparation, le musicien a trouvé refuge dans le presbytère d’une église de Chicago et a choisi ce site pour y enregistrer l’album — ce qu’on n’a aucun mal à croire à l’écoute de le reverb naturelle présente sur chaque note de piano — en compagnie d’un groupe de musiciens qui impressionnent par leur virtuosité. Si Francis se réclame du ragtime et du gospel, il livre ici un album de pop comme on l’envisageait en 1974. L’ouverture “Alameda Apartment”, avec son piano primesautier, ses synthés space et sa production emphatique, donne le ton de l’album à suivre et rappelle les belles heures du soft-rock rêveur, quelque part entre les mille-feuilles pop d’Electric Light Orchestra et les big bands de Leon Russell. Avec son piano funky, son orgue en contrepoint et sa métaphore sur les emmerdes qui tombent comme la pluie, “Can’t Stop The Rain” sonne comme un inédit de Dr. John et a tout d’un tube en puissance.
Il y a quelque chose d’aventureux dans la pop de Neal Francis, avec sa production sophistiquée d’un autre temps qui tient plus de Toto que d’Allen Toussaint (“Prometheus”). On est dans une recherche de spiritualité, une quête du beau et du lumineux. La machine de Neal Francis a dans le moteur des rythmes funk rétrofuturistes (“BNVL”), des chansons soul-pop mélancoliques (“Asleep”) et des envolées planantes presque floydiennes (“Sentimental Garbage”) qui font de ce “In Plain Sight” une belle réussite. ✪✪✪1/2