Les Sheriff
“Grand Bombardement Tardif”
Dissous depuis vingt ans, Les Sheriff s’étaient réactivés à l’occasion d’un concert événementiel dans leur fief. Dans la foulée, ils ont entrepris une longue tournée d’adieu qui leur a donné envie d’enregistrer un nouvel album. Le résultat ? Les fougueux quinquas (avec deux remplaçants) n’ont rien abandonné de leurs émois de jeunesse et, loin de mettre de l’eau dans leur vin, ils ont au contraire durci le ton. Dans leur discographie, les albums studio se distinguaient par des tendances pop, alors que les prestations live étaient nettement plus offensives. Ce n’est plus le cas et l’on croirait entendre le groupe tel qu’il est sur scène : les riffs de guitares et les rythmiques trépidantes sont à l’honneur, tout en préservant la voix et les choeurs.
Le quintette ne manifeste pas la moindre volonté de ralentir le tempo, enchaînant les brûlots punk-rock dans une veine qui le rapproche plus que jamais des Ramones. Seuls les textes traduisent une évolution dans l’inspiration, délaissant naïveté et fraîcheur sauf à de rares occasions (“Du Rock’n’Roll Dans Ma Bagnole”) pour aborder des thèmes plus graves (“Le Temps Est Elastique”), côtoyer la nostalgie (“Enfants Du Passé”) et dresser des bilans sans illusions : “On peut passer sa vie/ A se faire une raison/ On n’est pas des génies/ Faut se faire une raison”. Ils ont conservé intact le secret de ces hymnes indémodables avec leurs refrains irrésistibles et leur énergie incandescente pour célébrer leur testament (“Requiem 5 Etoiles”) ou leur ville chérie (“A Montpellier”). A tous ceux qui les avaient catalogués comme un honnête groupe de série B, ils prouvent qu’ils demeurent l’un des plus beaux fleurons du rock français. ✪✪✪✪