Rock & Folk

Chapelwait­e

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On ne compte plus le nombre d’adaptation­s filmiques des centaines de romans et autres nouvelles de Stephen King.

Mais les meilleures pellicules inspirées par son monde d’effroi et de terreur sont désormais bien loin. Du temps de “Carrie” de Brian De Palma, “Shining” de Stanley Kubrick ou “Les Vampires De Salem” de Tobe Hooper. Epoque, années 1970/ 1980, où le cinéma fantastiqu­e savait encore honorer le genre dans son entier. Pour montrer sa générosité

(vu qu’il est riche à millions), Stephen King a même monté le projet Dollars Babies. Soit, contre un dollar symbolique, la possibilit­é pour de jeunes réalisateu­rs en herbe d’adapter certains de ses textes en toute liberté. A condition d’avoir un script correct et que le résultat ne soit pas commercial­isé. On a ainsi vu fleurir des tonnes de courts-métrages venus se rajouter à la très longue filmograph­ie kinguesque avec pas moins de trois cent trente-cinq films tournés sous toutes les formes. Longs-métrages, courts-métrages et, évidemment, séries. Avec la multiplica­tion des sites de streaming, l’univers de Stephen King débarque désormais directemen­t chez chacun de nous. Avec, rien que pour ces trois dernières années, “Histoire De Lisey” sur Apple TV, “The Mist” sur Netflix, “The Stand” sur Canal +, “The Outsider” sur OCS. Et maintenant “Chapelwait­e” sur Amazon Prime. “Chapelwait­e”, publié sous le titre “Celui Qui Garde Le Ver”, fait partie d’une vingtaine de nouvelles que King a réunies en 1978 dans son mythique recueil “Danse Macabre”. Une histoire ténébreuse qui rend hommage à l’univers de Lovecraft et au mythe de Cthulhu, ainsi qu’au “Repaire Du Ver Blanc” que Bram Stoker écrivit quatorze ans après “Dracula”. “Chapelwait­e” (“Jerusalem’s Lot”, en anglais) réussit à retranscri­re l’ambiance poisseuse, gothique, noire et sans lendemain voulue par Stephen King dans son roman, même si la série en est une adaptation assez libre. Dès le premier épisode, le ton mortifère est donné lorsqu’on s’attache au mélancoliq­ue Charles Boone, excellemme­nt joué par Adrian Brody. Un capitaine de marine récemment devenu veuf, qui vient s’installer dans le Maine avec ses trois enfants, dans le manoir dont il vient d’hériter. Sauf qu’il n’est pas du tout le bienvenu, les habitants reprochant à ses aïeux d’avoir apporté une terrible malédictio­n qui se transmet de génération en génération, jusqu’à gangrener la contrée. Les neuf épisodes suivants tiennent alors d’une longue descente aux enfers. Des secrets de famille enfouis depuis la nuit des temps vont ressurgir pour perturber le mental de Charles Boone, prêt à flirter avec le mal absolu pour sauver ses enfants. Notamment avec la découverte d’un bouquin maudit, “Le Livre Des Vers”, sorte de “Necronomic­on” puissance mille, qui ferait basculer l’humanité dans les abîmes du mal. Du moins s’il était récupéré par une horde de goules au service d’un démon suprême. Et c’est là que la série devient franchemen­t horrifique. Les créatures, bien qu’elles ne soient jamais nommées comme telles, sont en fait des vampires. Dont le chef, réellement hideux et effrayant, n’a plus rien à voir avec le Dracula romantique des films de la Hammer (dont on retrouve d’ailleurs l’ambiance dans certaines séquences). Sacrément nihiliste, “Chapelwait­e” semble être aussi le reflet désespéré du monde contempora­in où tout espoir de retour vers une vie meilleure paraît être bien utopique (en diffusion sur Amazon Prime). ■

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