Rock & Folk

Les Trans Musicales

DU 1ER AU 5 DéCEMBRE, RENNES

- ERIC DELSART

Grand événement défricheur et avant-courant, le festival rennais était de retour pour livrer dès décembre les tendances musicales pour l’année à venir.

En 2020, les Trans n’ont pas eu lieu, et à quelques jours de cette quarante-troisième édition, le doute plane. La veille de cette semaine de communion musicale, les rockers font grise mine avec les annulation­s coup sur coup des très attendus Wet Leg et Amyl And The Sniffers. Peu importe, le festival est bien là et vit dès le mercredi une première épiphanie avec la pop symphoniqu­e du compositeu­r italien Andrea Laszlo De Simone. Fumant une cigarette entre chaque morceau comme dans un réflexe post-coïtal, accompagné d’une douzaine de musiciens, le moustachu livre une performanc­e aérienne, fragile, délicate, et envoûte le TNB. A peine le temps de redescendr­e de cet instant cosmique qu’à cinquante mètres, les jeunes Anglais de Blanketman réveillent l’Ubu. Après ce départ en fanfare, les choses s’accélèrent jeudi avec l’entrée en piste de Bars en Trans, le festival plus ou moins off qui occupe les débits de boissons de la cité durant l’événement. En tout, plus de cent cinquante artistes jouent dans les deux festivals, et on retrouve avec bonheur cette pulsation qui anime Rennes durant cette grand-messe automnale qui a cette année des airs de dernière fête avant l’apocalypse. Après une après-midi passée à flâner devant les sessions Fip (excellents Hello Forever en Beach Boys hirsutes), retour à l’Ubu plein à craquer pour la sensation Mad Foxes avant de faire une infidélité à Jean-Louis Brossard et de vibrer aux sonorités orientales de l’envoûtante Sarah Maison à L’Uzine. Au Parc-expo, les Gwendoline emballent avec leur new wave nihiliste. On aime ou on déteste leur attitude et leurs bons mots, mais “Chevalier Ricard” est un grand tube. A l’opposé, l’expérience électroniq­ue de

Yann Tiersen déçoit un peu, trop paisible pour un concert à minuit. Vendredi arrive et le groupe béninois Star Feminine Band fait sensation, avant que les prometteur­s et psychédéli­ques Guadal Tejaz n’enflamment un Hall 3 blindé. Plus tôt dans la journée, les Finistérie­ns de Komodor ont remis à jour rouflaquet­tes et Gibson SG pour un concert sorti tout droit de “Almost Famous”. Ils remettront ça le samedi soir avec leurs comparses de Moundrag pour un trip rétro nommé Komodrag & The Mounodor. Fun, mais bien moins dingue que le Finlandais Anti Paalanen qui, assis seul avec son accordéon et sa voix rocailleus­e, a fait danser le Hall 3, ou Voice Of Baceprot, trio d’Indonésien­nes en hijab qui jouent du metal. Des surprises comme seules les Trans peuvent en proposer, et un beau pied de nez à tous ceux qui veulent fermer les frontières, musicales ou autres.

Une cigarette entre chaque morceau

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Andrea Laszlo de Simone

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