Rock & Folk

Abiodun Oyewole

“Gratitude” FIRE

- GEANT VERT

Dans la dure chaîne de l’évolution, l’être humain est supposé transforme­r sa colère en sagesse grâce à l’expérience acquise en travaillan­t sur la hotline d’un fournisseu­r d’accès Internet. Chez Abiodun Oyewole, soixante-quatorze printemps, c’est tout le contraire. Cinquante-quatre ans après la formation des Last Poets, le groupe de spoken word considéré comme la base de la planète hip-hop, l’un des fondateurs envoie son premier album solo dans les gencives du monde, pile au moment où les droits civiques font le moonwalk. En moins de cinq minutes, les personnes qui pouvaient encore se demander l’utilité de ce disque sont rassurées : la voix est intacte, le message passe cinq sur cinq, l’album “Gratitude” n’est pas un album de plus, il est l’album. “Rain” (avec Taylor Pace et sa soeur Melodie Nicole) a été écrit à Fort Worth, au Texas, un jour de pluie. A travers cette métaphore sur le verre à moitié vide à moitié plein, Oyewole remercie ses parents adoptifs de l’avoir élevé sévèrement et, ainsi, endurci pour la suite. Après cette ode à l’éducation du ghetto, les poètes autoprocla­més se font tailler pour l’hiver avec “A Poem” ; “Harlem” et “Brooklyn” (avec Ade Da Poet) décrivent les quartiers tels qu’ils étaient au moment où il fallait y être. Le premier est dépeint comme le centre de la culture noire tandis que le second est le royaume des gangs. S’il faut trouver un hit qui ravive la flamme militante, “Occupy” est le brûlot à mettre sur Deezer et Spotify. Si les textes sont tous à retenir, les arrangemen­ts musicaux sont un mix bien vu entre old school dépouillé des Last Poets (“What I Want To See”) et hip-hop moderne qui va comme un gant à l’album (“Brooklyn”, “Praise The Lord”). La palette de voix amenée par les nombreux featuring est un renfort de poids qui amène vraiment un plus dans l’album. ✪✪✪✪

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