Rock & Folk

Eddie Vedder

“Earthling” SEATTLE SURF/ REPUBLIC RECORDS

- BERTRAND BOUARD

La chose s’est faite au fil de l’eau, mais Eddie Vedder est devenu depuis un certain temps le principal pourvoyeur de chansons au sein de Pearl Jam, recentrant au passage le groupe de Seattle vers une sonorité plus mainstream. “Earthling” est une étape idoine pour juger de cette thèse : si le chanteur de cinquante-sept ans a déjà livré des oeuvres solos par le passé, l’une au ukulélé, l’autre pour la BO de “Into The Wild”, il s’est entouré cette fois d’un véritable groupe, avec notamment Chad Smith, batteur des Red Hot Chili Peppers, et Josh Klinghoffe­r, ex-guitariste des susdits Piments Rouges. L’album ne saurait plus mal commencer, avec cet “Invincible” dont les synthés et le lyrisme vaporeux évoquent les très mauvaises heures de U2. Un peu plus loin, “Long Way” s’enlise dans les sables mouvants d’une mélodie bien lisse, “Brother The Cloud” se fracasse sur le refrain. Mais Vedder a toujours su dispenser des rocks courts, nerveux, manifestan­t son amour des Who ou du punk, et ceux-ci s’appellent ici “Power Of Right”, “Fallout Today”, “The Dark”, “Good And Evil”, “Rose Of Jericho”. Tous passent bien mieux la rampe, de même que “The Haves”, ballade pas vilaine. Toujours enclin à saluer ses maîtres, Vedder en a convié quelques-uns ici : il est étonnant d’entendre l’harmonica de Stevie Wonder dévaler les riffs de “Try” ; amusant de voir Elton John fidèle à lui-même sur “Picture” ; gênant d’assister à un pastiche des Beatles avec les présences de Ringo Starr et d’un grand orchestre (“Mrs Mills”). Tout ça placé en fin de parcours, renforçant en définitive l’impression d’un album bancal, sympathiqu­e par instants mais dépourvu du sentiment d’urgence qui fit les plus belles heures de son auteur.

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