Rock & Folk

Eric Gales

“Crown” PROVOGUE/ MASCOT

- BERTRAND BOUARD

Fascinante de mégalomani­e, la pochette recèle une histoire plus complexe qu’il n’y paraît. Enfant prodige de la six-cordes, lignée hendrixien­ne, au début des années quatre-vingt-dix, Eric Gales a vu ses rivaux lui filer sous le manche, à commencer par un blancbec qui effectuait ses premières parties nommé Joe Bonamassa. Gales, pendant ce temps, s’abîmait dans la drogue, avait affaire à la justice (il séjourna en prison en 2009), avant de refaire surface à la faveur d’une sobriété retrouvée. Pas du genre ingrat, Bonamassa lui a proposé de le produire pour qu’il récupère son dû — cette fameuse “couronne” (de meilleur guitariste, pour ceux qui ne suivent pas). Tout ça est raconté sur le funky “I Want My Crown”, illustré par un clip assez drôle où les deux hommes font fuser les solos sur un ring de boxe. Producteur, Bonamassa ne lésine jamais sur les moyens et, de fait, “Crown” assume ses prétention­s : jaillissem­ents de cuivres, choristes, giclées d’orgue, belle mise en son… Gales aligne des morceaux inspirés, dans un registre blues rock, même si la palette est vaste : “The Storm” marche sur les plates-bandes d’Albert King (période Stax), “Too Close To The Fire” affiche un lyrisme pas si éloigné du “Comfortabl­y Numb” de Pink Floyd… L’héritage hendrixien est évoqué avec le premier titre, “Death Of Me”, sans être écrasant. Surtout, Gales possède un avantage sur la concurrenc­e, et notamment son rival de producteur : sa connexion directe avec la musique afro-américaine, à l’image du final “I Gotta Go” et sa ferveur d’église baptiste du Sud. Des interludes s’insèrent ici et là, confirmant que la chose a été pensée avec soin. Petite précision cependant : pour apprécier ce disque, il convient d’aimer un tant soit peu les solos de guitare…

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