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L’affaire de la sextape
“Pam & Tommy” Hulu/ Disney+
Soyons honnêtes, on en entendait parler depuis le Covid, mais d’une oreille discrète. Au moment des faits, la divulgation de la première sextape de l’histoire du monde d’après, on s’en battait déjà franchement les roubignoles. Alors, que les mésaventures de Pamela Anderson et Tommy Lee risquent de devenir une série ou pas était le cadet de nos soucis. Pamela… Que dire ? On n’a jamais rien eu contre (un grand regret…), mais n’ayant pas vu “Baywatch”, la fameuse saga, celle par laquelle sa blondeur et ses courbes ont alerté Malibu, puis le reste de la planète, on n’a pas suivi, même de loin, tous ses exploits. On a conservé la VHS de “Barb Wire” mais davantage à cause de son emballage collector qui a bien résisté au temps (un fourreau de latex noir “entrouvert” façon décolleté et maintenu par un lacet) que pour son jeu d’actrice. Bonne fille née au Canada l’année de la sortie de “Sgt. Pepper” (sans rapport, mais ça situe), attirée par les bad boys, elle a craqué pour Tommy Lee qu’elle a épousé, les pieds dans le sable et le nez dans la poudre, sur un coup de tête ; et non pas d’autre chose puisqu’il aurait attendu la nuit de noces pour lui sortir le grand jeu. Tommy Lee, lui, est aussi un poème. Amerloque, mais grec par sa mère, il est le batteur de Mötley Crüe et Methods Of Mayhem, des formations (hard rock et rap metal) dont le nom en dit plus long que des discours de propagande. Les amateurs du Crüe soutiennent que, musicalement, le groupe (toujours sur la brèche) déchire, mais la critique (et même aux Etats-Unis) n’a jamais été tendre avec Lee et ses potes. Certes, leurs frasques ont souvent fait oublier leurs disques, mais comme ils en ont vendu des millions, c’est généralement le majeur tourné vers les nuages qu’ils ont parcouru leurs revues de presse. Pas de bol, “The Dirt”, un film (et non un documentaire) de 2019 sur la carrière du groupe, adapté de son autobiographie signée à cinq mains avec le ghostwriter Neil Strauss, n’a pas franchement joué en sa faveur. Les journalistes l’ont pas mal éreinté sous prétexte que ce que le réalisateur Jeff Tremaine a montré était bien en deçà de la réalité. Quoi qu’il en soit, ce que raconte “Pam & Tommy”, une mini-série de huit épisodes (dont les quatre premiers sont actuellement diffusés sur Disney+), c’est évidemment l’affaire de la sextape tournée par le couple et que Tommy avait planquée dans le coffre-fort du garage de sa villa (de Malibu). L’histoire, basée sur un article
signé Amanda Chicago Lewis dans Rolling Stone (US) en 2014, raconte que la fameuse cassette était dans le coffre qui a été dérobé par Rand Gauthier, un ébéniste qui effectuait des travaux chez Lee. Le batteur l’avait pris en grippe, viré et avait refusé de le payer. Furax, Gauthier (Seth Rogen dans la série) a refourgué le contenu du coffre (des armes, des bijoux) au plus offrant et est tombé par hasard sur les ébats du couple, filmés à l’arrache, mais bigrement explicites. Dans un esprit de revanche, aidé par le milieu interlope du porno US et Internet balbutiant, il va les commercialiser et déclencher un tsunami de réactions (et retombées) médiatiques dont, finalement, les principaux intéressés, ne souffriront que dans une moindre mesure. Comme dit Tommy à Pamela dans la série, en découvrant que l’affaire va devenir virale : “A la fois, c’est pas comme si on ne t’avait jamais vue à poil.” Aujourd’hui, tout ça paraît banal. Et du coup, était-ce bien nécessaire d’en faire des caisses vingt-cinq ans plus tard ? Oui, ont estimé les producteurs, et oui, crient ceux que la vie et les moeurs des people, a fortiori dans leur milieu naturel (qui ne l’est pas), fascinent. Prévenue avant que le tournage commence, Anderson, rangée des limousines aujourd’hui (elle s’est tout de même remariée quatre fois ensuite, dont une avec Kid Rock, histoire de rester dans le mood) et devenue militante multicause — elle a même soutenu “nos” Gilet Jaunes et vécu à Cassis, c’est dire si c’est une bonne fille —, a refusé de rencontrer Lily James, l’actrice anglaise, parfaite dans le rôle, qui voulait échanger avec elle. Tommy Lee, le roi des débonnaires aujourd’hui, perché comme un Keith Moon qui serait resté vivant, a accepté de commenter la série (qu’à l’heure où nous mettons sous presse, il n’aurait pas vue), mais qu’il juge super parce que son histoire avec Pam l’était. Well, well. En tout cas, Sebastian Stan, Américain d’origine roumaine qu’on a vu dans la série des “Captain America” et des “Avengers”…, le campe à merveille — après des heures de maquillage car Lee est tout de même tatoué de la tête aux pieds — et n’est pas moins bon que Seth Rogen, dans le rôle de Rand Gauthier. La réalisation est correcte, sans plus, mais évidemment, le kif de la série, c’est de réentendre les chansons choisies pour accompagner telle ou telle scène. Et là, rien à dire. On baigne dans l’excellence avec des titres de (ou chantés par) Dusty Springfield, Primal Scream, Captain And Tennille, Iggy Pop, King Crimson, Shirley Bassey ou 4 Non Blondes. Alors, est-ce là une raison suffisante pour visionner cette série ? On a envie de répondre que oui. Tout de même, une scène à la va-comme-je-te-touche, illustrée, sur le plan sonore, par “Hurdy Gurdy Man” de Donovan, et une autre, d’éclate, par “You Get What You Give” des New Radicals, est-ce qu’on peut faire mieux ? Pour le coup, là, on sait bien que non. ■