Rock & Folk

Jack White

- JEAN-WILLIAM THOURY

“Fear Of The Dawn”

THIRD MAN

Jack White, période bleue. Oui. La pochette, les clips, les cheveux… tout est bleu. Malgré une approche ostentatoi­rement conceptuel­le, il reste méchamment rock et sort un album qui, certes avec de nombreuses idiosyncra­sies, sent bon le garage. Phrase simplissim­e en fuzz, notes graves (pédale pour descendre d’une octave) doublées (une piste de chaque côté), voix distordue et en retrait, production sèche comme un coup de trique malgré les effets de synthé saupoudrés comme des épices : dès la première plage, “Taking Me Back”, on pense aux White Stripes ! Élaborés avec des éléments similaires, “Fear Of

The Dawn” se distingue par un tempo rapide ; “The White Raven” par des breaks inattendus… L’album prend alors encore plus de liberté. Dans “Hi De Ho”, délire en partie rappé vaguement basé sur la chanson de Cab Calloway, le chant adopte un pseudo-accent italo-arabe. Référence à Dizzy Gillespie, “Into The Twilight” débute et se termine par des choeurs dignes des Swingle Singers. Entre les deux, au fil d’un déroulemen­t répétitif, un motif caractéris­tique se trouve confronté à des accidents, un collage de sons sans rapport. La saturation générale confère à “What’s The Trick” un côté étouffant. Sans se détourner d’obsessions qui garantisse­nt une unité à l’ensemble — riff, fuzz, breaks, compressio­n, bruitages —, Jack White livre des morceaux dotés d’une mini-dose de réconforta­nt classicism­e, “That Was Then (This Is Now)”, “Morning, Noon And Night”, qui contrasten­t avec le free rock de “Eosophobia” (d’où est tiré la phrase “Fear Of

The Dawn”). Le tout fait la richesse du nouvel album de l’un des musiciens les plus importants de son époque. ✪✪✪✪

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