Rock & Folk

Fontaines DC

- ERIC DELSART

“Skinty Fia”

PARTISAN

Les Fontaines DC vont-ils trop vite ? Propulsés nouvelles stars de la scène rock internatio­nale avec leur premier album “Dogrel” en 2019, qui montrait un jeune groupe fougueux mené par un chanteur au charisme fou et des compositio­ns immédiates (“Liberty Belle”), le gang irlandais sortait à peine un an plus tard “A Hero’s Death”, disque sombre et tourmenté qui le consacrait comme un des groupes les plus passionnan­ts de son époque. Si ce dernier, enregistré à Los Angeles, traitait du déracineme­nt et voyait le groupe mettre un peu de côté son imaginaire dublinois, le nouvel album est une affirmatio­n assumée de ses racines celtiques. En témoigne le titre du disque, “Skinty Fia” (ce qui signifie “La Damnation Du Cerf”, en référence à une race de cervidés irlandais ayant disparu) et des titres de chansons imprononça­bles tels que “In Ar Gcroíthe Go Deo” (soit “A Jamais Dans Nos Coeurs”). C’est ce morceau sublime qui ouvre l’album de manière fascinante, tout en harmonies aériennes et basse insistante. On y découvre une nouvelle facette du groupe, pop et mélodique, qu’on ne retrouve que trop peu dans cet album. Digne successeur de “A Hero’s Death”, “Skinty Fia” est un disque sombre et torturé où Gian Chatten parle plus qu’il ne chante, émiettant lentement les mots de ses constats désabusés (“How Cold Love Is”). L’album porte en lui des influences des années quatre-vingt assumées, avec des guitares qui ne guident plus les morceaux mais viennent décorer l’arrière-plan. On pense aux Smiths (“Jackie Down The Line”), à Cure (“I Love You”) voire U2 (“Roman Holiday”). C’est beau par instants, mais l’exercice s’avère parfois monotone et manque aussi un peu de nerf, d’élans rock’n’roll. Les nostalgiqu­es y trouveront sans doute leur compte, mais on attendait plus de Fontaines DC qu’un pastiche, même réussi.

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