Tindersticks
“PAST IMPERFECT – THE BEST OF TINDERSTICKS ’92- ’21”
Aussi incongrus que les Lemonheads en pleine furie grunge, les Tindersticks s’ébrouant durant les années folles de la Britpop. Apparu au début des années quatre-vingt-dix, le groupe semblait vivre dans sa propre bulle et être totalement imperméable aux machins à la mode de l’époque. Que les Tindersticks soient parvenus à développer un culte durable en faisant une musique aussi singulière relève du miracle. D’ailleurs, il est difficile de décrire précisément leur musique, ce qui est un peu le signe des grands. Il y a souvent des cordes, des choeurs féminins, des guitares twang, des influences soul savamment tordues, et la voix de Stuart A Staples. L’homme semble souvent déprimé, il n’est pas là pour plaisanter, il est grave. Sa voix l’est aussi, et s’il a une nette tendance à abuser du vibrato, Staples reste bien l’un des chanteurs les plus étonnants de son temps. Comme un Nick Cave moins sauvage (et techniquement plus doué) ou un Leonard Cohen moins minimaliste, Staples a fait des Tindersticks le véhicule idéal de ses idées très originales, tellement originales que la réalisatrice Claire Denis a fait plusieurs fois appel à lui pour ses musiques de film. Dans le même temps, Staples et ses musiciens ont gravé quelques albums considérés comme des classiques de “Tindersticks” à “Simple Pleasure”, soit de 1993 à 1999. Cette double compilation sans la moindre note de pochette est l’entrée idéale dans l’univers d’un groupe unique. Beaucoup adoreront, d’autres auront du mal avec cette neurasthénie permanente.