Rock & Folk

A écouter près de la cheminée, un verre de courvoisie­r à la main

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nMe c86

“DELUXE 3-CD EDITION”

Cherry Red (Import Gibert Joseph)

Initialeme­nt, c’était une cassette fournie avec l’édition du New Musical Express datée du 3 mai 1986... La fameuse cassette a fait beaucoup de bruit. Il s’agissait de présenter la crème de groupes inconnus, souvent vantés par une multitude de fanzines, qui allaient bientôt faire des concerts dans les soirées d’un petit club baptisé The Living Room. Le nouveau romantisme et le rock FM avaient fini par lasser tout le monde, il était temps de revenir à une esthétique DIY plus rock’n’roll, moins basée sur le look et la démesure. Les Smiths avaient réveillé la nation, et ensuite les Jesus And Mary Chain sortiront des singles, puis un premier album révolution­naire. Un homme, Alan McGee, lui-même membre d’un groupe (Biff Bang Pow!), s’agitait beaucoup pour faire éclore cette scène, dont certains protagonis­tes seraient signés sur son nouveau label, Creation Records. La fameuse “NME C86” est désormais élargie à trois CD. C’est un bon panorama d’une époque où tous les groupes ne se ressemblai­ent pas. Certains étaient influencés par la scène mod, d’autres par The Fall ou un certain post-punk bruitiste, d’autres encore faisaient de la pop mélodique et noisy. Il y a là-dedans à boire et à manger, mais beaucoup de bonnes choses : Primal Scream, les Bodines, The Mighty Lemon Drops, les Soup Dragons, les Weather Prophets, les Primitives, les Wolfhounds, Biff Bang Pow!,

That Petrol Emotion, et bien sûr les JAMC. Ceux-là ont tous sorti des singles intéressan­ts. C’est aussi valable pour beaucoup d’autres, totalement inconnus. D’ailleurs, beaucoup n’avaient manifestem­ent pas assez de talent pour durer, et c’est très bien ainsi. Qui a envie d’écouter des albums entiers des Railway Children ou des Nightingal­es ?

Tom Brock

“I LOVE YOU MORE AND MORE”

Mr Bongo (Import Gibert Joseph)

Incroyable découverte que celle de Tom Brock, inconnu au bataillon. Si Jay-Z ne l’avait pas samplé pour son morceau “Girls Girls Girls”, il est probable que l’unique album de ce soulman obscur serait resté dans les poubelles de l’Histoire. “I Love You More And More”, sorti en 1974, a été produit par Barry White. Le morse a fait du sacré bon travail, du niveau de celui d’Isaac Hayes à la même époque, et son client avait beaucoup de talent. Voici donc une sorte de Philly Soul au ralenti, ultra suave, dont les meilleurs moments évoquent le Marvin Gaye de “What’s Going On”. Les orchestrat­ions, et les cordes en particulie­r, sont fascinante­s, et Barry White n’a pas forcé Brock à lui ressembler. Lequel Brock avait une belle voix et de bonnes compositio­ns sous le bras. Cette petite pépite est à écouter à moitié nu ou en veste d’intérieur sur une moquette blanche épaisse, près de la cheminée, un verre de Courvoisie­r à la main. En couple, de préférence.

The Sound

“WILL AND TESTAMENT”

SOD (Import Gibert Joseph)

C’est la fête pour les fans de The Sound, groupe culte des années “new wave”, comme on disait à l’époque : deux CD de titres live jamais publiés, enregistré­s entre 1984 et 1987, incluant des morceaux enregistré­s précédemme­nt. Le groupe est en grande forme et Adrian Borland en grande voix, toujours poignant, mais certains synthétise­urs, dignes de ceux des Simple Minds à leur pire époque, ont un peu de mal à passer aujourd’hui. Restent les chansons, souvent brillantes. The Sound a été un grand groupe, coincé entre les Cure et les Bunnymen (qui étaient sur le même label, mais ont rencontré plus de succès) apparemmen­t oublié aujourd’hui, mais ceux qui connaissen­t n’oublieront pas le pauvre Borland, homme tourmenté qui a mis fin à sa vie en se jetant sous un train le 26 avril 1999, dans l’indifféren­ce générale. C’était un grand songwriter et un chanteur touchant, un homme adorable mais brisé, qui avait aussi enregistré de très bons albums en solo. Qui sait ce qu’il aurait fait s’il avait survécu à ses problèmes ?

Steppenwol­f “MAGIC CARPET RIDE – THE DUNHILL/ ABC YEARS 1967-1971”

Esoteric/ Cherry Red (Import Gibert Joseph)

Huit CD de Steppenwol­f, c’est du lourd. D’ailleurs, il s’agit de rock lourd. Hard, blues, avec la voix rocailleus­e de John Kay, les tubes (“The Pusher”, “Born To Be Wild”, “Magic Carpet Ride”), et ce son brut. Steppenwol­f était un groupe compétent car pas trop lourd, justement, mais le problème, c’est qu’à quelques exceptions près (les fameux tubes),

ces gens-là n’étaient pas vraiment doués pour les chansons. Le coffret comblera les bikers complétist­es reprenant tout le répertoire des années 1967 à 1971 d’après les bandes masters, avec versions mono, live, etc. Si les deux premiers albums sont intéressan­ts, ça se gâte sérieuseme­nt vers la fin, en particulie­r avec “Steppenwol­f 7” et “For Ladies Only”. Quelle idée, aussi, d’enregistre­r autant de disques en si peu de temps lorsqu’on n’a pas exactement un talent d’exception pour la compositio­n ?

Mary Wilson

“THE MOTOWN ANTHOLOGY”

Motown (Import Gibert Joseph)

Comment survivre dans l’ombre de la grande Diana Ross ? Mary Wilson y est à peu près parvenue. Les Supremes n’ont cessé de se reformer jusqu’à la fin des années soixantedi­x, après quoi Mrs. Wilson a sorti quelques albums en solo. Cette double compilatio­n réunit des titres méconnus qu’elle chante en solo dans les années soixante et soixantedi­x (“Can’t Take My Eyes Off You”, “Son Of A Preacher Man”), puis passe par une période gentiment disco assez réussie, pour s’achever avec son album solo paru en 2015, qui contient une étonnante reprise de “Green River” de Creedence Clearwater Revival. L’ensemble est un peu inégal, mais mérite le détour car Wilson était une superbe chanteuse.

The Betterdays “HUSH YOUR MOUTH – THE BETTERDAYS ANTHOLOGY”

Grapefruit (Import Gibert Joseph)

Une compilatio­n destinée au maniaque du british beat. Les Betterdays venaient d’un trou perdu de l’Angleterre, avaient peu de moyens, et, mis à part quelques rares concerts au 100 Club ou au Marquee, n’ont jamais réussi à percer à Londres. Ils n’ont d’ailleurs jamais réussi à percer nulle part. Ces deux CD montrent pourtant qu’ils étaient très doués dans le genre R&B énervé qui faisait rage à l’époque, avec les inévitable­s reprises de “Bright Lights, Big City”, “Too Much Monkey Business”, “Road Runner”, “You Can’t Judge A Book By The Cover”, “Parchman Farm”, “Who Do You Love” etc. Au rayon originalit­é, on repassera donc. Mais ce qui frappe, c’est leur énergie et leur sauvagerie. Tant d’années plus tard, les Betterdays sonnent comme des cousins éloignés des Pretty Things du début. Ce n’est pas rien. ■

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