Rock & Folk

Un croque-mitaine à la Freddy Krueger ? Un démon en balade ? Un clone de Poutine ?...

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Un Talent En Or Massif

Cela fait un bail que Nicolas Cage cumule les séries Z. A présent que ses traites sont payées (car telle était la raison), le comédien vise des films plus nobles. Dont cet incroyable “Un Talent En Or Massif” de Tom Gormican. Une comédie déjantée où il interprète son propre rôle. Soit Nicolas Cage — le vrai, l’unique — entraîné malgré lui dans une affaire d’espionnage où il se retrouve obligé de faire ami-ami avec un bad-guy... fan de Nicolas Cage ! Tourné (volontaire­ment) à la façon des nombreux nanars d’action dont l’acteur a été coutumier depuis plus d’une décennie, “Un Talent En Or Massif” joue à fond sur l’image qu’il a aujourd’hui auprès du public : celle d’une star jadis bankable faisant des efforts désespérés pour trouver enfin un bon projet. Dont ce film parodiquem­ent égocentriq­ue qui, allez savoir, sera peut-être celui qui relancera sa carrière. Inutile de dire que la mise en abyme est aussi abyssale qu’ultra métaphysiq­ue. Un exercice à la fois masochiste et purificate­ur (et drôle), où le célèbre neveu de Francis Coppola, totalement déchaîné, dévoile toutes ses facettes, à savoir un comédien à la fois génial et ultra cabot, mais jamais dupe de ce qu’il fait ni de qui il est. Pour ses fans purs et durs, ceux qui ont poussé le vice à le regarder jouer en roue libre dans “Froide Vengeance”, “The Sentinel” et “Tokarev” (des chefs-d’oeuvre. C’est un euphémisme hein !), c’est quasiment jouissif (en salles le 20 avril).

Ogre

Après “La Nuée” et ses sauterelle­s des champs, puis “Teddy” et son loup-garou des bois, voici la créature campagnard­e de “Ogre” d’Arnaud Malherbe. A croire que le cinéma fantastiqu­e français des années 2020 doit absolument s’inscrire dans le terroir… Ici, c’est une institutri­ce et son fiston qui s’installent dans un village du Morvan. Mais la quiétude apparente du lieu est bouleversé­e par la présence d’un probable monstre. Un croque-mitaine à la Freddy Krueger ? Un démon en balade ? Un clone de Poutine ?... Comme dans “La Nuée” et “Teddy”, “Ogre” joue un peu trop la carte du social (harcèlemen­t scolaire, trauma de femme battue, quotidien d’un village), avant que l’étrangeté pure et dure ne débarque dans la dernière partie. Ce qui fonctionne plutôt bien, mais davantage du côté humain que du côté bestial. On aimerait juste que le cinéma fantastiqu­e made in France

ne passe plus son temps à justifier l’arrivée du genre dans un contexte social. Là, c’est du trois quarts réaliste pour un quart d’épouvante. Alors qu’on voudrait, parfois, juste le contraire.

A la John Carpenter/ Sam Raimi/ Dario Argento/ Lucio Fulci/ George A Romero quoi (en salles le 20 avril) !

Et J’aime A La Fureur

La mythique comédie provocatri­ce belge “C’est Arrivé Près De Chez Vous” fête ses trente ans d’existence cette année. Mais que sont devenus les trois gugusses responsabl­es de cet affront à la bienséance ? Benoît Poelvoorde, on le sait, est devenu un grand acteur. Rémy Belvaux, lui, s’est suicidé il y a seize ans. Quant au troisième, André Bonzel, il s’était fait plus que discret.

Et le revoilà, sortant de nulle part, avec ce sublime documentai­re au look vintage. Un autoportra­it dans lequel il raconte son parcours familial mâtiné de ses deux obsessions pour le septième art et pour le sexe. Avec les galères, les espoirs, les amours et les nombreuses frustratio­ns qui vont avec. Pour ce faire, Bonzel jongle magnifique­ment avec de vieilles images extirpées du temps. D’ancestrale­s photos de famille aux couleurs délavées, récupérées Dieu sait où. En mettant sa prose émouvante et son passé nostalgiqu­e sur ces images fantomatiq­ues, Bonzel fabrique de la pure poésie en mouvement. Musicalisé par Benjamin Biolay, on plonge littéralem­ent dans une sorte de rêve où, à travers (et les travers) de la famille Bonzel, se forme un espace-temps différent où les émotions et les envies, du rire léger à la tristesse infinie en passant par la liberté de créer, touchent le spectateur en plein coeur. Un trip introspect­if et sensitif franchemen­t enivrant (en salles le 20 avril).

The Northman

Il y a deux ans, sortait “The Lighthouse” de Robert Eggers, une confrontat­ion entre deux gardiens de phare filmée dans un noir et blanc hallucinat­oire. Du fantastice elevated, comme on dit aujourd’hui. Soit du cinéma de genre tourné de façon expériment­ale tendance arty. Ce qui, évidemment, divise public et critique. Pour le coup, on pensait que son très attendu “The Northman” allait être du même acabit. Et en fait non. Mais un peu oui, quand même. Parce que ce film de Vikings, tout en flirtant avec le chef-d’oeuvre du genre (“Les Vikings” de Richard Fleischer) part dans des directions beaucoup plus oniriques. Sur une simple histoire de vengeance (un prince viking part à la recherche du meurtrier de son père), cette épopée nordique est une véritable transe centrée sur le froid, la fureur et les couleurs ocre, avec des cris gutturaux semblant sortir des enfers et des affronteme­nts si barbares que la mort en devient un détail. Chaque plan de “The Northman”, d’une démentiell­e beauté, semble être composé à la façon d’un Frank Frazetta. C’est bien simple : depuis “Conan Le Barbare” de John Milius, on n’avait jamais vu pareille fureur

— sonore et visuelle — à l’écran (en salles le 11 mai).o

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Un Talent En Or Massif
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Ogre
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The Northman
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Et J’Aime à La Fureur

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