Jon Spencer & The HitMakers
“Spencer Gets It Lit”
En 2018, Jon Spencer se lançait dans une carrière solo après des décennies de sévices en bande organisée. Une solitude forcée qui n’a pas duré, puisqu’il a enrôlé les HitMakers, crème de l’underground, pour tourner. Et composé cet album avec eux en tête. Cela s’entend dès l’intro, lorsque le clavier de Sam Coomes répond à un drone de guitare sur “Junk Man”, pure tranche de garage fracassé. Légère inquiétude quand le titre suivant débute par un “Hitmakers are you ready?” Gimmick remplaçant ses légendaires “bluuues explosion” ou façon de faire piger aux trois du fond qui n’ont pas suivi qu’il s’agit d’un nouveau départ en groupe ? C’est vite évident : Spencer ne fait rien pour tirer la couverture à lui ici. Ainsi, sur le génial “The Worst Facts”, c’est Sam Coomes qui chante, tandis que le frontman parle, invitant qui l’écoute à respecter l’histoire et la science (un thème récurrent). Et si l’album précédent bouillonnait de colère, celui-ci est plus grave. La mort, le vieillissement se glissent entre les lignes de morceaux au groove séduisant, comme “Worm Town”, où Spencer parle de sombrer dans un profond sommeil, six pieds sous terre. Le groupe joue avec les atmosphères, entre jubilation et menace, stridence et mélodie, nous bombardant d’un mélange de sons issus d’une tradition garage et outsiders expérimentateurs de tous poils. Et conclut sur un pur défoulement, “Get Up & Do It”, où Spencer annonce que “le temps manque, l’heure tourne”, puis énumère des noms de danses improbables. Cette chanson-là résume l’ensemble : léger, grinçant, accrocheur et bordélique, truffé de références, mais unique en son genre. Comme ce gang de faiseur de hits pour amateurs éclairés. ★★★★
ISABELLE CHELLEY
Les arrangements orchestraux de “Moscow Rules”, approchent la sophistication des Zombies, mais malheureusement pas leur force harmonique. Le premier single “Everything’s Electric”, coécrit par Greg Kurstin et Dave Grohl, est assez jubilatoire. Mais on se demande pourquoi la batterie jouée par le Foo Fighter est saturée, écrasée par cet abus de compression, comme sur la plupart des titres du disque ? Le très classique “C’Mon You Know” aura sans doute une grande force scénique en début de concert, comme s’il annonçait un événement extraordinaire. ★★★1/2
BRIAG MARUANI