Steve Earle & The Dukes
“Jerry Jeff”
Fier de ses racines outlaw, Steve Earle ne rate aucune occasion pour mettre en avant la musique jouée par tous ceux qui l’ont construite. Ainsi, après des albums en hommage au répertoire de Townes Van Zandt en 2009 et de Guy Clark en 2019, c’est au tour de Jerry Jeff Walker de passer par la case tribute après avoir cassé sa pipe le 23 octobre 2020. Né naturellement révolté, Steve Earle a la contestation dans le sang. Opposé à la guerre du Vietnam et à la politique anti-avortement des Etats du sud, il puise son inspiration dans les chansons les plus engagées de ces années agitées. Figure de proue de la country dite hors-la-loi, Jerry Jeff Walker devient rapidement une des sources d’inspiration les plus évidentes pour l’édification de Steve Earle. Les dix titres proposés sont tirés des quatre meilleurs albums de sa carrière : ses deux premiers en solo — “Mr Bojangles” (1968) et “Driftin’ Way Of Life” (1969) ; et deux autres de 1972 (“Jerry Jeff Walker”) et 1973 (“¡Viva Terlingua!”) en compagnie d’une belle bande d’allumés : Gary P Nunn, Michael McGeary, Craig Hillis, Herb Steiner et Bob Livingston, tous adeptes de l’enregistrement minimaliste souvent en public. De cette dizaine magnifique qui l’a éduqué tout au long de sa vie, Earle pose sa patte, et insuffle en retour tout ce qu’il a pu apprendre de positif en les écoutant. Le résultat est costaud. La voix beaucoup plus rauque de Steve Earle apporte une patine intéressante aux interprétations. Enregistré et arrangé selon les canons soniques du XXIème siècle, ce disque énergique donne une épaisseur supplémentaire à des chansons, de toute façon, increvables. En attendant la cover de “Gypsie Songman” par les Dropkick Murphy, “Jerry Jeff”, est tout sauf une time capsule nostalgique. ★★★
GEANT VERT