Kaz Hawkins
“My Life And I”
Comme ce fut le cas en 2020 pour Johnny Gallagher, un autre Irlandais, avec “A 2020 Vision”, Dixiefrog propose une compilation d’une artiste à découvrir qui, jusque-là, n’avait sorti ses albums que de manière confidentielle, mais est régulièrement à l’affiche de festivals tels que Blues Passion, Le Blues Autour Du Zinc et Cahors Blues. Pendant vingt ans, Kaz Hawkins, native de Belfast mais vivant dorénavant en France, a écumé les clubs et les bars, chantant dans des groupes de reprises, avant de s’affranchir et d’interpréter ses propres compositions. Depuis 2014, sous l’influence revendiquée d’Etta James, elle a ainsi enregistré quatre albums studio et un live, tous autoproduits. Sur les dix-sept morceaux extraits des albums et de deux EP, seuls quatre sont des adaptations, notamment, des très bonnes versions de “At Last” et ses cordes, un grand succès d’Etta James, et “Full Force Gale”, un titre de Van Morrison avec cuivres, mais sans la slide de Ry Cooder. En ouverture, “Pray” est un hommage à sa culture gospel, quand, enfant, elle chantait dans une église de Belfast, et impose d’emblée ce qui fait la singularité et la force du disque, sa voix, bien soutenue, en particulier, par le pianiste Sam York. A la fois surpuissante, légèrement voilée par moments ou, au contraire, claire et pure, Kaz passe avec aisance d’un registre à l’autre entre ballades soul, blues lents, un “Surviving” venu des tripes et des expériences passées comme “One More Fight (Lipstick And Cocaine)” et “Don’t Slip Away”, dédié à ceux qui souffrent de dépression. Elle est aussi efficace sur les tempos plus vifs, “Don’t Make Mama Cry”, les chansons jazzy, “Hallelujah Happy Poeple” où elle imite Louis Armstrong, et le rhythm’n’blues, “Shake”. Une artiste à suivre. ★★★1/2