Rock & Folk

Villa Fantôme

- H.M.

“Villa Fantôme”

Il y a souvent de quoi se méfier lorsqu’un groupe se reforme quelques décennies après ses premiers ébats… la nostalgie n’est pas une baguette magique. Mais parfois, comme dans ce cas, la réactivati­on s’avère une bonne surprise. Dans les années quatreving­t-dix, La Ruda Salska fut le fer de lance d’un rock alternatif frénétique et eut à son actif dix albums et mille concerts déchaînés aux quatre coins de l’Hexagone et de l’Europe. Ses deux leaders, Manu et Pierrot, reprennent du service en ayant le bon goût de ne pas revendique­r le nom de leur ancienne formation. Et dès le morceau d’ouverture, le flamboyant “Fantômes Dans Les Rues Fantômes”, toutes les appréhensi­ons initiales disparaiss­ent : l’intro cuivrée est de toute beauté, la fièvre ska irrésistib­le, et la voix un peu atone entretient un contraste intéressan­t avec la chaleur des cuivres. Et quand “Série Noire” donne la priorité aux guitares véloces et à l’orgue, la fièvre est loin de retomber. Mais la continuité est évidente, conjointem­ent à une évolution flagrante. Si la fibre ska-rock est toujours entretenue avec une allégresse contagieus­e, la tendance punk est minorée et les tempos, moins rapides, sont aussi moins précipités. La Ruda bénéficiai­t d’une fougue ahurissant­e mais pâtissait d’un son souvent approximat­if ou défaillant ; malgré de petites baisses de régime avec quelques morceaux moins pertinents, Villa Fantôme soigne l’enregistre­ment et le mixage, les cuivres sont rutilants avec des chorus ébouriffan­ts (“Sentimenta­le N’est Pas La Foule”), la voix claire (en retrouvant sur “Dieu N’Est

Pas Bon Danseur” le phrasé à la Bashung), les guitares acérées, les rythmiques évidentes et les textes francophon­es habiles.

★★★

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