L’enfer du Z
Junk Head
A l’heure où 98,7 % des films d’animation sont fabriqués en numérique, certains s’évertuent encore à faire bouger leurs personnages à l’ancienne. C’est le cas du Japonais fou Takahide Hori qui emballe son “Junk Head”, en utilisant le stop motion, cette technique consistant à animer des personnages en volume et image par image, à la façon de
Tim Burton dans son “Etrange Noël De Monsieur Jack”. Seul dans son atelier, Takahide Hori a passé sept ans de sa vie à créer ce film de sciencefiction post-apocalyptique où l’humanité a atteint un statut de quasi-immortalité, les tâches difficiles étant reléguées à des clones hirsutes qui, vivant dans un monde souterrain, commencent à se rebeller. Hori les filme dans un pur délire visuel bardé de monstres bigarrés animés avec une fluidité étonnante. Resté cinq ans dans un placard, “Junk Head” a fini par sortir en salles au Japon, où il a surpris tous les fans de cinéma d’animation. Au point de devenir une référence dans le genre. Fascinant (actuellement en salles) !
Coupez !
Il y a trois ans sortait en France, de façon quasi anonyme, “Ne Coupez Pas !”, délire horrifique made in Japan, slalomant entre les effets sanglants outranciers et un humour potache pouvant laisser croire qu’il s’agissait d’un film de zombies de plus. En fait, pas vraiment. Passée une première demi-heure lambda, le délire de Shin’ichirô Ueda vrille peu à peu vers un autre degré de lecture auquel personne ne s’attendait. Michel Hazanavicius, réalisateur des deux premiers “OSS 117” et de “The Artist“(trois références classes) — et gros cinéphile devant l’Eternel — avait repéré le délire au point d’en faire aujourd’hui un remake. Coup de bol pour ceux qui ont raté le film d’origine,
car la surprise n’en sera que plus grande. Dans un premier temps, on suit le tournage à l’arrache d’un film de zombies fauché où le réalisateur (Romain Duris), fiévreux et surinvesti, tente de diriger de pseudo-acteurs surjouant leurs rôles comme dans une mauvaise parodie. Sauf que... Impossible de raconter la suite qui prend un sacré chemin de traverse. Comme une formidable métaphore humaine vue à travers le tournage d’un film. Avec de nombreux faux-semblants et autres flashbacks explicatifs justifiant l’humour lourdingue (mais drôle quand même) de la première partie. Un humour qui vire ensuite vers une émotion toute particulière prenant la forme d’un sublime hommage aux petits fabricants du septième art. Sublimement jouissif (en salles le 15 juin) !
Jackass Forever
Créé en 1999, “Jackass” est une émission de télé devenue culte où une bande de cinglés exécute les cascades les plus kamikazes du monde. Dont une bonne partie se fait dans une ambiance scato-provo allant du franchement rigolo au carrément dégueu. Gros succès aidant, “Jackass” a été décliné sous forme de six longs-métrages cumulant des sketches impensables dont certains allaient audelà de l’hyper mauvais goût. Genre boire cul sec un demi-litre de sperme de cheval ou se faire opérer du bide après avoir avalé un petit camion-jouet. Beurk ou hilarant suivant les (mauvais) goûts de chacun. Le dernier-né, “Jackass Forever”, ne fait pas exception à la charte trash. La joyeuse bande, désormais quinquagénaires pour certains, n’en continue pas moins son good-bad-trip maso. Le film contient des séquences absolument horrifiques qui, bien qu’exécutées sans trucage, pourraient presque être interdites dans un film d’horreur lambda. Car il faut avoir le coeur bien accroché au poumon droit à la vision de certaines images sorties droit des enfers : des abeilles recouvrant une bite enduite de miel, un quidam arrosé de vingt litres de sperme de porc, une femme se faisant pincer les lèvres par un scorpion, et autres joyeusetés que Les Petits Chanteurs à la Croix de Bois ne pourraient même pas imaginer. A vous de voir donc (disponible en VOD).
Waldo, Détective Privé
Cela fait au moins quinze ans que Mel Gibson n’a plus la cote au box-office.
Au point d’accepter aujourd’hui tous les projets, en faisant gaffe quand même de ne pas enfoncer sa fin de carrière dans l’enfer du Z. Et il s’en tire plutôt correctement. Sur les huit films qu’il a enchaînés ces deux dernières années, on peut déjà retenir l’étrange “Fatman”, où il joue un Père Noël concevant (avec des lutins !) du matériel militaire pour l’armée américaine. Ou encore “Boss Level”, série B sur fond de boucle temporelle à la “Un Jour Sans fin”. Et maintenant, le sympathique “Waldo, Détective Privé”, de Tim Kirkby, sorte d’hommage modernisé aux polars noirs des années quarante, avec “enquête dans le milieu hollywoodien”. Occasion pour feu Mad Max d’interpréter une star de cinéma cynique et alcoolique mettant des beignes à ceux qui ne lui reviennent pas. Pour le coup, Gibson semble carrément parodier ce qu’il est réellement dans la vie. A savoir un acteur impulsif porté sur la boisson (ce qui lui valut des problèmes avec les médias) mais toujours prêt à lâcher des vannes à ses partenaires. Comme si le fait d’apparaître dans cette petite série B, anodine mais cool, était une sorte de rédemption, sous forme de moquerie envers lui-même (disponible sur Amazon Prime). ■