Rock & Folk

Se souvenir des Pogues

- PAR NICOLAS UNGEMUTH

C’est un enfer de sélectionn­er les plus belles chansons des Pogues tant elles sont nombreuses lorsqu’elles sont chantées par Shane MacGowan, qui n’était pas toujours seul responsabl­e de ces classiques : il faut saluer le talent de Jem Finer, souvent auteur de la musique. Mais c’est bien MacGowan qui fait tout décoller. Les Pogues sans lui ont moins d’intérêt (comme ses Popes à lui, sans les Pogues, ne sont pas franchemen­t brillants). Voici donc le meilleur d’un songwriter qu’on aurait tort de faire passer pour un unique auteur de chansons à boire, masqué derrière son folklore d’ivrogne aux dents pourries. MacGowan, c’était bien plus que ça. “Summer In Siam”

“When it’s summer in Siam, and the moon is full of rainbows”… Pas de couplet, de pont ni de refrain. Juste une mélodie qui tourne en boucle. Quelques notes de piano, un saxophone, une harpe divine. Un pur moment de beauté.

“Thousands Are Sailing”

La grande émigration des Irlandais fuyant la misère pour les EtatsUnis. “Thousands are sailing/ Across the western ocean/ Where the hand of opportunit­y/ Draws tickets in a lottery.” L’un des grands chefs-d’oeuvre du groupe.

“Fairytale Of New York”

Un loser exprime son amour à sa dulcinée. Laquelle l’envoie paître. “I could have been someone”, dit-il. “Well so could anyone”, répond l’intéressée Kirsty MacColl. Cette chanson de Noël, l’une des plus belles du monde, est devenue un classique de la diaspora irlandaise. Et c’est une valse.

“A Rainy Night In Soho”

Nick Cave l’a interprété­e aux funéraille­s du chanteur. Il s’agit de l’un des plus beaux morceaux des Pogues, c’est encore une valse. “I’m not singing for the future/ I’m not dreaming of the past/ I’m not talking of the first time/ I never think about the last”. Un grand classique.

“Misty Morning Albert Bridge”

Le héros rêve à son amour.

“I awoke subcon and alone in a faraway place/ The sun fell cold upon my face, the cracks in the ceiling felt hell/ Turned to the wall, pulled the sheets around my head/ Tried to sleep, dream my way, back to you again.” Sublime, et une valse à nouveau.

“The Old Main Drag”

Dans l’enfer de la prostituti­on masculine. “I’ve been shat on and spat on and raped and abused/ I know that I’m dying and I wish I could beg/ For some money to take me from the old main drag”. L’une des chansons les plus poignantes au répertoire du groupe.

“London You’re A Lady”

Merveille tirée de “Peace And Love”. MacGowan, légèrement chancelant, y est encore plus touchant que d’habitude.

“Yeah, Yeah, Yeah, Yeah, Yeah”

Les Pogues rendent hommage à la northern soul qu’ils ont toujours adorée. Surprenant, mais parfait.

“The Sunnyside Of The Street”

C’est sur “Hell’s Ditch”, merveilleu­sement produit par Joe Strummer, que se trouve cette joyeuse cavalcade à l’optimisme viscéral.

La joie y est contagieus­e, l’énergie décapante.

“Lullaby Of London”

Sur “If I Should Fell From Grace With God”, l’un des meilleurs albums des Pogues, cette splendeur qu’on peut écouter cent fois. Shane y est fantastiqu­e.

“God Help Me”

Invité sur un album des Jesus And Mary Chain (“Stoned And Dethroned”), MacGowan, plus que jamais, semble au bout du rouleau : “God help me through this day/ I’m blind can’t see the way/ God please help me through this day/ I just can’t take it, anymore.”

Sa voix porte le tout avec grâce.

“Turkish Song Of The Damned”

Quand les Pogues se lançaient dans les influences méditerran­éennes ou orientales, le résultat était invariable­ment génial. Ce qui a donné quelques idées à leurs clones français, les Négresses Vertes. L’original est nettement plus intéressan­t.

“Night Train To Lorca”

Dans la même veine exotique, avec trompettes espagnoles et guitare flamenco. Ces gens savaient varier les registres avec un rare bonheur.

“The Body Of An American”

Elvis Costello aura produit deux merveilles, le premier Specials et cet album des Pogues, “Rum Sodomy And The Lash” (une citation de Churchill décrivant la marine anglaise). Un festival de musique irlandaise chahutée juste ce qu’il faut.

“A Pair Of Brown Eyes”

Encore l’une des ballades dont MacGowan avait le secret, et comme à chaque fois, il y raconte une histoire. Elle est tragique. Son génie narratif était sans équivalent.

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