Rock & Folk

The Faithful

“A Tribute To Marianne Faithfull”

- ISABELLE CHELLEY

Après avoir survécu à tout, sauf une guerre nucléaire, Marianne Faithfull a perdu sa voix et son souffle après un Covid long au printemps 2020.

Pour qu’elle paie ses frais médicaux, une bande de fidèles a décidé de reprendre son répertoire. Et on entend déjà les hurlements de ceux qui ont vécu la période rock caritatif des eighties : les bons sentiments ne font pas de bonne musique. Mais un bon casting et un répertoire assorti, si. Dans le cas précis, un détail saute aux oreilles : les admiratric­es de lady Marianne sont plutôt des pétroleuse­s à la voix travaillée à la clope que des femmesfleu­rs éthérées. Parfait donc pour des chansons qui parlent de cul, de came et de plongées dans la folie. Comme le duo héroïque Shirley Manson & Peaches sur “Why D’Ya Do It” en mode electrocla­sh crasseux. Ou celui entre Cat Power et Iggy Pop, rien que l’Iguane et ses interventi­ons de vieux sage au timbre de velours. Donita Sparks jubile d’humour grinçant sur un “Sliding Through Life On Charm” à l’arrangemen­t ébouriffan­t. Même coup de coeur pour “Sex With Strangers” qui se mue en morceau groovy avec flûte de Pan de synthèse et autres étrangetés. A la première écoute, “Broken English” par Joan As Police Woman déroute un peu. Pas assez rugueux, se dit-on avant de succomber à son minimalism­e, avec ce clavier lancinant et cette voix étranglée, au bord de la crise. Il y a très peu, voire aucun raté ici, juste deux ou trois titres moins marquants que les autres, ce qui en fait une rareté dans ce genre d’exercice. D’ailleurs, une fois écarté le côté caritatif du disque, on a l’impression d’écouter, par moments, une lettre d’amour à une icône de la part de sa famille spirituell­e.

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