Mock Media
“Mock Media II”
Leur truc, c’est le guérillero. Ils ont ce romantisme, un peu héroïque, du combattant révolutionnaire, le genre de moustachu à habiter une jungle. Pour preuve : les Mock Media sont surtout à l’aise en marcel et torse nu. Issue de la cuisse de Crack Cloud — signé sur leur label Meat Machine —, on sait que le collectif de Vancouver a toujours eu ce fantasme du guerrier vertueux. Chez Mock Media, cela a rencontré une obsession particulière pour Le Clash. Ils auraient beau le renier, peut-être même n’ont-ils jamais entendu une note du groupe magique, rien à faire : l’influence de seconde main, cela existe aussi. Mock Media a donc indéniablement quelque chose du Clash de la deuxième période : la voix, les harmonies, le métissage punk/ rythmes exotiques, l’attitude,
exotica donc mais anticoloniale ; viril... mais que ça dégoûte. “Louis Won’t Break”, le refrain de “Madness” (excellent rock), “Reason”, “Rambo” (une chanson sur Rambo, LE film de guerre antimilitariste !), jusqu’à cette introduction, “ILL”. Voilà : This Is Radio Clash. Mais contrairement à bien des groupes modernes qui tentent de recréer une époque de toutes pièces, Mock Media est encore très XXème siècle : tout cela est digéré, réécrit, réinterprété et se lie avec
le contemporain. Et c’est dans ce décalage, entre ce qu’ils aiment et ce qu’ils sont, que se situe la faille. Leur révolution n’est qu’un gimmick, un assaisonnement pour un disque de plus. Qu’attendons-nous d’un groupe de ce type si ce n’est qu’il transforme notre monde en une pâte et le remodèle pour le changer à tout jamais ? Les Mock Media, eux, font de la musique. D’où l’étrange impression de vacuité qui émane de cet album.