Rock & Folk

AcidSitter

“Make Acid Great Again”

- JONATHAN WITT

Comme nombre de ses voisins d’Europe de l’Est, la Pologne reste bien une contrée bien mésestimée en matière de rock’n’roll. Pourtant, depuis Czerwony Gitary et Polanie au cours des sixties, en passant par Czesław Niemen, Test, Nurt ou bien encore Breakout, les références désormais fort cotées abondent. Aujourd’hui, c’est en matière de metal lourd et de stoner que le pays excelle, avec des gangs comme Behemoth, Belzebong, Dopelord ou Weedpecker. Basé à Cracovie, AcidSitter est une sorte de supergroup­e local qui a pour particular­ité de compter dans ses rangs un guitariste japonais, Tetsuya Nara, qui a élu domicile dans l’ancienne capitale des rois polonais. Son slogan : “Si Roky Erickson était encore vivant, il nous aurait aimés”. Se vérifie-t-il à l’écoute de ce premier album au titre évocateur ? Dès “Comets”, la réponse est positive, assurément : on remarque le timbre chétif de Rafał Klimczak, qui rappelle celui de l’auteur de “You’re Gonna Miss Me”, la guitare hallucinée de Nara, experte du tremolo et du larsen, ainsi qu’une rythmique solide — sans cruche électrique — qui prend ensuite son essor sur la syncopée “It’s Fine”, dotée d’un curieux refrain grunge. Dans un autre genre, “The Healing Journey” est un morceau planant, apaisé. La surréalist­e “Sweet Dreams” est nettement plus trippante, bouillonna­nte, tout comme la furieuse et définitive reprise de “Roller Coaster” (13th Floor Elevators), sommet qui prépare l’auditeur transi aux sept minutes lysergique­s de “Staywatch”. Une conclusion musclée pour une roborative démonstrat­ion de psychédéli­sme violent, qui devrait contribuer à replacer la patrie de Lech Wałe,sa sur la carte de la musique binaire actuelle. ★★★★

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