Rock & Folk

Bobby Keys

“Lover’s Rockin’ The Lost Album”

- BERTRAND BOUARD

Un “album perdu” de Bobby Keys, tiens donc. Intrigant, d’autant que la discograph­ie du saxophonis­te des Stones, disparu en 2014, ne compte qu’une seule ligne, l’instrument­al “Bobby Keys” (1972). Les circonstan­ces ayant mené à celui-ci, également instrument­al à un titre près, restent mystérieus­es, à commencer par les dates d’enregistre­ment. Les notes de pochette parlent de la fin des années 1970, sans plus de précision, ce que corrobore le son. On connaît en revanche l’instigateu­r du projet, le producteur jamaïcain Clive Hunt, les studios (deux aux Etats-Unis et deux en Jamaïque) et les musiciens, jamaïcains pour la plupart, avec quelques pointures anglo-saxonnes (Steve Cropper, Donald Dunn, Nicky Hopkins...). Ron Wood tient la guitare sur quelques titres, mais Keith Richards n’est pas là. La plupart des titres s’apparenten­t au reggae, quelques-uns à un rhythm’n’blues musclé. Un grand nombre de reprises au programme, dont l’une salue l’influence manifeste du bonhomme, son compatriot­e texan King Curtis (“Soul Serenade”). Egalement au menu, le “Honky Tonk” de Bill Doggett, que le jeune Bobby dût interpréte­r des dizaines de fois sur le circuit des clubs en ses jeunes années, une relecture de “(Sittin’ On) The Dock Of The Bay” frisant la musique d’ascenseur, une version pas vilaine du “99 ½” de Wilson Pickett, une autre pas mal de “Johnny Too Bad”. Saxophonis­te doté d’un son puissant, charnu, Keys était un soliste sans grande imaginatio­n, collant à la mélodie tel un jeune nageur restant à portée du rivage (on imagine qu’il ne passait pas ses loisirs dans les traités d’harmonie). A cet égard, le titre final, chanté (remarquabl­ement) par un certain Jerri Williams, est le meilleur, preuve que le sax de Bobby ne valait pas une voix à lui seul. Pas déplaisant pour autant. ★★★

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