Peter Hammill
“In A Foreign Town/ Out Of Water 2023”
A côté de Peter Hammill, Peter Gabriel, c’est Patrick Topaloff. Fini de rire. La comparaison n’est pas gratuite. Tous deux ont été les très sérieux chanteursleaders de groupes dits progressifs, Genesis et Van Der Graaf Generator, avant de se lancer dans des carrières solos aventureuses, notamment avec Robert Fripp. Mais l’un a été abonné au succès grand public, l’autre aux audiences confidentielles... On était nombreux à avoir du mal avec Van Der Graaf. Sa musique était originale, mais complexe, peu séduisante ; la voix de Hammill, étonnante mais dure, à la limite de l’hystérie. Pourtant il a reçu sur le tard le soutien — pas si étonnant, finalement — de John Lydon, qui le citait comme une influence majeure avec Can et Captain Beefheart. Ensuite, la carrière solo de Peter Hammill a été difficile à suivre. Il a publié environ un million de disques. Ici, il s’agit de deux albums, sortis en 1988 et 1990, dont il trouvait le son daté — on était à l’époque en plein avènement des synthés DX7 et autres horreurs — et qu’il a voulu réenregistrer, considérant que les chansons en valaient la peine. Démarche louable, dont feraient bien de s’inspirer quelques artistes ayant produit des horreurs dans les eighties — “Born In The USA” sans la caisse claire pachydermique ? Evidemment, on est allé écouter les originaux — à nos risques et périls. Effectivement, ils sont inaudibles. Sauf que... Ces nouvelles versions ne sont pas si différentes ! Au-delà du propos, assez politique mais un peu lourdingue, le chant est toujours aussi martial, déclamatoire, et les arrangements... Si Hammill pense leur avoir donné un son contemporain, il est à côté de la plaque. Ou alors il a cinquante ans d’avance et c’est nous qui n’avons rien compris. On va dire ça.
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