Structures

“A Place For My Hate”

Figurant dans toutes les listes de groupes français prometteurs à suivre et à écouter si on ne veut pas louper un chapitre, Structures (en activité depuis 2018) a pris son temps pour sortir son premier album. Que le duo d’Amiens, composé de Pierre Seguin et Marvin Borges Soares, a réalisé en grande partie dans une maison paumée au milieu des bois, selon la légende. On veut bien la croire, puisque ces deux-là ont tendance à faire un pas de côté plutôt qu’à se caler dans l’air du temps. Et tant qu’on y est, avant de leur coller des étiquettes en vrac — postpunk ? new-wave ? post-grunge ? précolombien ? —, notons qu’ils ont eu la bonne idée de qualifier leur style de rough wave. Soit vague brute, un terme qui colle bien aux émotions à fleur de peau abondant ici. Mais cette rough wave ne s’est pas faite toute seule et on détecte chez eux les influences de Nine Inch Nails ou du Nirvana des tout débuts. On ne va pas s’en plaindre, pas plus que quand, sur “Mod3rn”, Structures se glisse dans la peau de Depeche Mode période vénéneuse, fétichiste, indus et goths à chaînes. Même au niveau vocal, c’est assez troublant. D’autres titres ont un côté cauchemar halluciné électronique, où froideur et colère se bousculent pour virer à l’entêtant (“Disaster”). Et puis il y a “Home” avec cette tension sous-jacente qui monte et refuse d’éclater et toutes ces chansons urgentes, interprétées avec la frénésie de mecs en train de nous prévenir que la fin du monde n’est peut-être plus très loin et une voix écorchée qui rappelle les inflexions à vif d’un certain Kurt C. Rugueux mais accessible, noir sans être trop dépressif, ce disque-là a des allures de cocktail Molotov sonore, parfait pour décharger sa rage. ✪✪✪✪