Quatre chanteurs, trois guitares, deux batteurs
Queens Of The Stone Age 7 NOVEMBRE, ACCOR ARENA (PARIS)
Dès les premiers accords de “Regular John”, Josh Homme confirme la rumeur qui courait sur la grande forme actuelle de ses troupes. Epaulé de l’impeccable Michael Schuman à la basse et du toujours élégant Troy
Van Leeuwen à la guitare, le natif de Joshua Tree assène classiques imparables (“No One Knows”) et raretés (“Battery Acid”). Le discret mais indispensable Dean Fertita se distingue au clavier sur la sexy “Make It Wit Chu” qui se transforme, pour quelques secondes, en reprise du “Miss You” des Rolling Stones. Homme s’avère le plus loquace lorsqu’il s’agit de défendre les morceaux du récent “In Times New Roman...” qui font pourtant pâle figure en comparaison du vénéneux “Better Living Through Chemistry” ou de l’hypnotisant “God Is In The Radio” étiré sur plus de dix minutes, solo de batterie et hommage à Mark Lanegan inclus. DIMITRI NEAUX
Weyes Blood
Pitchfork Music Festival Paris 8 NOVEMBRE, SALLE PLEYEL (PARIS)
Difficile, comme John Cale, de ne pas être impressionné par la profondeur de la voix de Weyes Blood (Natalie Mering dans le civil). Dès “It’s Not Just Me, It’s Everybody”, c’est la grande plongée. L’atmosphère est fervente : Mering, vêtue d’une grande cape dorée qui lui donne des allures de première communiante pop, tourbillonne dans l’espace, ébauche une danse serpentine à la Loïe Fuller, distribue des fleurs au public (qui la gratifie en retour d’étonnantes offrandes : un DVD d’un film intitulé, sauf erreur, “The Touch Of Her Flesh” !). L’Américaine joue toutefois la carte grande prêtresse avec une légère mais nécessaire touche d’ironie. Le sortilège se dissipe en douceur sur une version acoustique de “Picture Me Better”. On aurait à peine été surpris de la voir s’envoler en repartant.
The Magnetic Fields 11 NOVEMBRE, PETIT BAIN (PARIS)
La setlist ce soir fait la part belle au cultissime “69 Love Songs”, ce qui n’est pas pour déplaire au public. Stephin Merritt et Shirley Simms, juchés aux deux côtés opposés de la scène, interprètent alternativement de leurs voix si uniques la majorité des titres. Au centre, le violoncelliste électrique Sam Davol, aidé par Chris Ewen au clavier, fait des prouesses pour reproduire cet équilibre étrange entre folk et synthpop. Toute l’assistance chante en choeur sur les classiques “All My Little Words” et “The Book Of Love”. Le meilleur parolier de sa génération introduit, non sans ironie, “01: Have You Seen It In The Snow?” comme leur chanson de Noël. “The Day The Politicians Died”, avec ses paroles irrésistibles, est accueillie par des acclamations. A l’applaudimètre, c’est sûrement le guitariste Anthony Kaczynski qui l’emporte aujourd’hui avec sa fabuleuse version de “The Luckiest Guy On The Lower East Side”. Le groupe n’oublie heureusement pas le jubilatoire “A Chicken With
Its Head Cut Off” en rappel.
BRIAG MARUANI
Noel Gallagher’s High Flying Birds 11 NOVEMBRE, ZéNITH (PARIS)
On n’est jamais si bien servi que par soimême ; lorsqu’il évoque “Council Skies”, Noel Gallagher le présente comme son “album salué par la critique”. Soit. On n’irait pas en dire autant des précédents. Et malgré les belles versions de “Council Skies” ou “Easy Now”, on frôle parfois la crise d’hyperglycémie sentimentale devant le déluge de mièvreries bombardées sur l’écran (montgolfière en forme de coeur s’éloignant dans le fookin’ couchant, fookin’ ciels de cartes postales, fookin’ clair de lune, etc.). De toute façon, l’homme de la rue — conversation de pissotière — le confirme : “Je suis venu pour les cinq dernières !” (comprendre la période Oasis). Si “Half The World Away” et “Don’t Look Back In Anger” font lever des bataillons de briquets, seule la reprise de “Quinn The Eskimo (The Mighty Quinn)” de Bob Dylan, moins attendue, fait dérailler un parcours très balisé. VIANNEY G.
Komodrag & The Mounodor/ The Wave Chargers/ Chuck & John – Gonzai Night 16 NOVEMBRE, MAROQUINERIE (PARIS)
L’antre de la rue Boyer accueille une soirée tricolore qui s’élance avec le prometteur duo Chuck & John : ces cow-boys de Montmartre excellent avec des titres folk captivants (“The Worst There’s Been”), galvanisés par la voix éraillée de Loris Vallois. Elle se poursuit avec le surf rock conquérant et tendu des Wave Chargers, avant que ne débarque Komodrag & The Mounodor, alliance velue des frangins de Moundrag (Paimpol) et de Komodor (Douarnenez). Avec la bagatelle de quatre chanteurs, trois guitares, deux batteurs, et bien sûr l’orgue Hammond du maître de cérémonie Camille Goellaën-Duvivier, le septuor développe une force de frappe impressionnante au service de morceaux hard rock jouissifs et festifs comme “Brown Sugar” ou “Marie France”, entre Sweet et Status Quo. On apprécie particulièrement la voix magnifique de Colin Goellaën-Duvivier sur la ballade “It Could Be You”, la présence électrique du bassiste Goudzou, en mode Geddy Lee sur “Born In A Valley”, le rave-up percussif de “Green Fields Of Armorica”, ainsi que les reprises de “We’re An American Band” (Grand Funk) et de “Ramblin’ Rose” (MC5), la seconde lors d’un rappel aussi furieux que triomphal. JONATHAN WITT
Holly Golightly 17 NOVEMBRE, THéâTRE MUNICIPAL BERTHELOT – JEAN GUERRIN (MONTREUIL)
Montreuil City Rock ! Organisée par l’activiste Cédrico, cette double affiche de rêve avait de quoi ravir les plus fervents amateurs de la scène Buff Medways. Après une première partie très Bo Diddley/ Lonnie Mack assurée par le trio écossais Lord Rochester et menée par l’excentrique Russell Wilkins en veste tartan, la très rare (son dernier passage hexagonal remonte à 2004) légende Holly Golightly offre une heure et demie de garage folk sans accordeur à faire pleurer les plus durs et puristes du genre. Accompagnée du petit génie Bradley Burgess à la guitare, du décontracté Matt Radford à la contrebasse et du dévoué Bruce Brand à la batterie, la copine de Meg et Jack White reprend avec une classe folle “Satan Is His Name” de Steve King. Son tube “There Is An End” qui aurait mérité de figurer en chanson titre d’un James Bond est lourdement acclamé avant un joyeux foutraque final du “Mellow Down Easy” de Little Walter. Somptueux ! MATTHIEU VATIN
Raye 18 NOVEMBRE, CIGALE (PARIS)
En Angleterre, Raye est déjà vue comme une successeuse potentielle d’Amy Winehouse. Grosse voix, gouaille cockney et répertoire soul,
elle déboule avec “The Thrill Is Gone” devant une Cigale déchaînée, puis balance le splendide “Oscar Winning Tears”, qu’elle chanta cet été à Glastonbury et en septembre au Royal Albert Hall avec un orchestre symphonique. Raye invite un fan à chanter “Sober”, blague sur l’oubli de son soutien-gorge (“Gardez vos photos
hors des réseaux !” dit-elle morte de rire) et enchaîne avec une chanson sur la weed (“Mary Jane”). Deux heures de soul contemporaine avec un groupe de qualité, et Raye quitte la scène sous les hourras du public. A star is born. OLIVIER CACHIN
Corey Taylor 19 NOVEMBRE, TRIANON (PARIS)
Dans un Trianon lourdement chargé en metalleux de tout poil, les New-Yorkais d’Oxymorrons, gang fusionnel punk rock
& rap achèvent un set plutôt apprécié par le public. A peine le temps de se reposer que Corey Taylor débarque dans un déferlement de décibels accompagné de spots blancs tellement violents qu’ils sont sans aucun doute interdits d’interrogatoire même à Guantanamo. Fidèle à sa setlist, le chanteur puise autant dans le répertoire de Slipknot et Stone Sour que dans les chansons de son nouvel album. Entouré par la formation de l’album, Corey Taylor déroule le show confortablement installé sur une rythmique en béton armé. Sans décorum et uniquement armé de son charisme, le frontman contrôle son public sans problème jusqu’à un final ponctué par la reprise “Fairies Wear Boots” de Black Sabbath. Simple et pro. GéANT VERT
Peter Doherty/ Lias Saoudi/ Pregoblin 28 NOVEMBRE, TRABENDO (PARIS)
Alex Sebley, Britannique arty nonchalant, présente des morceaux de “Pregoblin II” prévu à la rentrée, dont l’accrocheur “These Hands Aka Danny Knife” sur lequel Peter Doherty surgit du public et le rejoint sur scène pour le début d’une soirée enthousiaste. Puis, Lias Fat White Family Saoudi déclame à la façon d’un auteur beat, poésie sur la circoncision de son frère, blague potache au sujet de Yoko Ono avant de reprendre “Borderline”, “Oh Sebastian” et “Rock Fishes” juste avec une guitare, prouvant que de bonnes chansons même dépouillées de leurs artifices fonctionnent toujours admirablement. Enfin, le funambule Peter, malgré une récente interview alarmiste quant à sa santé, attaque son set le regard vif et le pas léger par l’inédit “Empty Room”, révèle “Night Of The Hunter”, nouveau simple des Libertines, avant d’être rejoint par Frédéric Lo pour le poignant “The Ballad Of...” dédicacé à son regretté ami Alan Wass et de terminer en trombe par l’inaltérable “Time For Heroes”. MATTHIEU VATIN
The Subways/ Ash 11 DéCEMBRE, PETIT BAIN (PARIS)
L’imposant tourbus et l’immense queue devant l’équipement culturel flottant illustrent parfaitement l’euphorie autour de l’ultime date de la tournée battle entre deux figures de la power pop de ces dernières années : tout d’abord, les grands frères nord-irlandais Ash, heureux de se retrouver en excursion européenne, tabassent la merveille “A Life Less Ordinary” avant de s’attaquer aux tubesques “Goldfinger”, “Kung Fu” et “Girl From Mars” extraits de l’époque bénie de “1977”, sans avoir égaré leur vitesse d’exécution. Puis, le trio anglais de The Subways présente promptement son récent album, “Uncertain Joys”, avec la diatribe “Influencer Killed The Rock Star” dédiée à Bono mais surtout pioche parmi ses deux incontournables premiers disques les mignonneries punk “Rock&Roll Queen”, “With You” ou “Kalifornia” avant de faire revenir Ash pour une power reprise à six de “Oh Yeah” en rappel. MATTHIEU VATIN