Zapparama Discographie choisie
Des choeurs chantés par Tina Turner et les Ikettes
“Freak Out!”
(1966)
“Freak Out!” entremêle doo-wop, rock’n’roll et rhythm’n’blues, “Any Way The Wind Blows”, “How Could I Be Such A Fool”, “Trouble Every Day”, auxquels s’ajoutent les aspects les plus expérimentaux, “Help, I’m A Rock”, suite en trois parties dont “In Memoriam” dédié à Edgar Varèse, et la folie percussive de “The Return Of The Son Of Monster Magnet”.
“Absolutely Free”
(1967)
Plus homogène avec douze chansons et un instrumental, “Invocation & Ritual Dance Of The Young Pumpkin” contenant le premier grand solo de guitare de Zappa, “Absolutely Free” défouraille encore plus fort contre les idéaux de l’Amérique, de son mode de vie, de son président, “Plastic People”, de ses médias, de son argent-roi et de ses mortelles banlieues blanches, “Call Any Vegetable”, “America Drin”, “Brown Shoes Don’t Make It”.
“We’re Only In It For The Money”
(1968) Zappa ne dénonce plus seulement les travers de l’American way of life mais aussi ceux de la contreculture, de la culture hippie, du psychédélisme et d’une gauche bienpensante. La chanson “Absolutely Free”, “Who Needs The Peace Corps” (“J’irai à Frisco… Danser au Fillmore, Je suis complétement défoncé, Je suis un hippy)”, “Flower Punk” (“Hey Punk, où vas-tu… ? Je vais à San Francisco pour jouer dans un groupe psychédélique… Je vais dans un Love-in pour m’asseoir et jouer des bongos dans la crasse”) en sont des illustrations. L’utilisation d’un grand orchestre et de multiples effets électroniques complètent l’offre musicale.
“Hot Rats”
(1969)
Ne gardant auprès de lui que le multiinstrumentiste Ian Underwood à qui se joignent des invités comme les deux violonistes Jean-Luc Ponty et Sugarcane Harris, Max Bennett et Shuggie Otis à la basse, il compose six titres aux couleurs variées, du rock jazz fusion avec une petite dose de Stravinsky, “Little Umbrellas”, dans une formule typiquement Zappa, “Peaches En Regalia”, “Son Of Mr Green Genes”,
“The Gumbo Variations”, et blues, l’extraordinaire “Willie The Pimp” chanté par Captain Beefheart et porté par de formidables solos de guitare à la wah-wah.
“Weasels Ripped My Flesh”
(1970) Complémentaire à son prédécesseur “Burnt Weeny Sandwich”, avec Lowell George, fondateur de Little Feat avec Roy Estrada, “Weasels Ripped My Flesh” (1970) mixe des morceaux live et des enregistrements en studio. A “Prelude To The Afternoon Of A Sexually Aroused Gas Mask”, inspiré par Debussy, free-jazz, “Eric Dolphy Memorial Barbecue”, “Directly From My Heart To You” de Little Richard et une nouvelle version de “My Guitar Wants To Kill Your Mama”.
“Over-Nite Sensation”
(1973) “Over-Nite Sensation” parle de sexe, “Dirty Love”, “Dinah-Moe Humm” avec un humour surréaliste, “Montana”, “I’m The Slime”, “Zomby Woof” sur des rythmes funky rock, des solos de guitare féroces et des choeurs chantés par Tina Turner et les Ikettes, non mentionnées à la demande d’Ike Turner.
“Apostrophe (’)”
(1974) Continuant dans la même veine que “Over-Nite Sensation”, “Apostrophe (’)” contient plusieurs morceaux emblématiques, “Don’t Eat The Yellow Snow”, “Nanook Rubs It”, “Cosmik Debris”, “Stink-Foot”.
“Sheik Yerbouti”
(1979)
La plupart des textes aux connotations sexuelles très prononcées, “Bobby Brown”, “I Have Been In You”, “Jewish Princess” ou ridiculisent les relations amoureuses, “Broken Hearts Are For Assholes”. Le bannissement par certaines radios n’empêche pas l’album de se vendre à plus de deux millions d’exemplaires, un gros succès, en particulier, en Europe.
“Joe’s Garage Acts I, II & III”
(1979)
Sorte de concept album, “Joe’s Garage” raconte en trois parties les aventures de Joe, du chanteur. Les thèmes et les styles récurrents dans l’univers de Zappa sont de nouveau entremêlés à la perfection : la trop grande puissance de l’Etat et la censure, “Central Scrutinizer”, la sexualité, “Catholic Girls”, “Keep It Greasey”, “Why Does It Hurt When I Pee?”, les groupies, “Crew Slut”, les religions et les sectes comme la scientologie, “A Token Of My Extreme”. Le solo de guitare de “Watermelon In Easter Hay” est le seul à avoir été joué pour le disque, les autres proviennent de la xénochronie.
“The Yellow Shark”
(1993) Réalisé avec l’Ensemble Modern, un orchestre formé pour promouvoir les oeuvres de compositeurs contemporains, “The Yellow Shark” est une des réussites orchestrales de Zappa avec des passages au synclavier. Les morceaux présentés alternent entre nouveautés et reprises de titres plus anciens, “Uncle Meat”, “Dog Breath Variations”. Malade, il est présent à des répétitions et à deux concerts.
en 1968, Frank Zappa est devenu une icône de la contestation
six mois à partir de Pâques 1967, des spectacles intitulés “Absolutely Free” et “Pigs And Repugnant”. Certains jours, Zappa invite les spectateurs à le rejoindre ou bien les insulte, ou encore, silencieux, les regarde fixement. Une autre fois, repérant trois marines en uniforme, il les fait monter sur scène et hurler “Kill Kill Kill” avant de leur donner des poupées représentant des petits Vietnamiens qu’ils vont déchiqueter. Le sexe étant un autre thème favori des Mothers, une girafe en chiffon éjacule de la crème fouettée sur le public et des manches à balai sodomisent des bouteilles en plastique.
Mothers Of Invention
Premier album des Mothers Of Invention, “Freak Out!” (1966) contient déjà tous les ingrédients qui ont fait leur gloire, toutes les facettes de l’inspiration de Zappa. Elliot Ingber avait succédé à Henry Vestine, mais il est viré peu avant la sortie du disque car, lors d’un concert, défoncé sous LSD, il ne s’était pas aperçu que son ampli de guitare n’était pas allumé. Zappa a toujours interdit les drogues dans ses orchestres, même s’il était favorable à la légalisation de la marijuana et du cannabis. L’année suivante, la sortie de “Absolutely Free” est retardée le temps que Verve supprime la phrase “La guerre est synonyme de travail pour tout le monde” et en 1968, l’illustration de pochette prévue pour “We’re Only In It For The Money”, une parodie de “Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band” des Beatles, a été reléguée en pages intérieures. De façon ironique, “We’re Only In It For The Money”, premier gros succès des Mothers aux USA et au Royaume-Uni, avait été conçu dans le cadre du projet No Commercial Potential de Zappa, avec l’orchestral “Lumpy Gravy” (1968), le doowop et rock’n’roll de “Cruising With Ruben & The Jets” (1968) et “Uncle Meat” (1969), initialement la BO d’un film dont une version raccourcie sortira en 1987.
En 1968, Frank Zappa est devenu une icône de la contestation, mais il refuse d’être un gourou, un leader politique. Cette position va lui valoir un concert chahuté à Berlin, en octobre 1968, qui lui inspire deux compositions, “Ouverture To A Holiday In Berlin” et “Holiday In Berlin, Full Blown” sur “Burnt Weeny Sandwich” (1970), suivies par “Weasels Ripped My Flesh” (1970). Après la dissolution des Mothers, Zappa enregistre “Hot Rats” (1969), deuxième album sous son nom après “Lumpy Gravy” dans un registre totalement différent, aujourd’hui célébré comme un album majeur des années 1960/ 70. Il est suivi par “Chunga’s Revenge” (1970), doo-wop, “Sharleena”, et solos de guitare privilégiant encore une fois la wah-wah, l’instrumental “Chunga’s Revenge”.
Humour, guitare et succès commerciaux
L’humour radical et caustique est une constante dans la carrière de Zappa, de l’intitulé des disques à leur contenu. En 1971, “200 Motels” est la BO, avec des modifications, du film surréaliste et bordélique
Si Zappa a beaucoup tourné en France, il n’en garde pas que de bons souvenirs
truffé d’effets spéciaux et réalisé par Zappa et Tony Palmer. Le disque inclut des passages dialogués, un grand orchestre, du rock, du jazz. Une version avec grand orchestre fut refusée par le Royal Albert Hall à cause du titre “Penis Dimension”. De 1970 à 1982, Zappa est au sommet de sa gloire. Pourtant en décembre 1971, s’accumulent les catastrophes. Le 4, le feu se déclare lors d’un concert au casino de Montreux, en Suisse. Pas de victime, mais le casino et l’équipement des Mothers sont complètement détruits. Présent dans un studio voisin, Deep Purple écrira “Smoke On The Water”. Le 10, pendant un concert au Rainbow de Londres, Zappa est précipité dans la fosse par un spectateur mécontent. Résultat : plusieurs fractures, un an de chaise roulante et des séquelles importantes. Il réussit néanmoins à enregistrer deux albums studio en 1972, “Waka/ Jawaka” et “The Grand Wazoo” (1972). Nouveau changement d’orientation et reconnaissance commerciale avec “OverNite Sensation” (1973) et “Apostrophe (’)” (1974), enregistré avec les mêmes musiciens, atteint la 10ème place des charts US. “One Size Fits All” se classe 26ème. “Bongo Fury” (1975) est le dernier album mentionnant les Mothers Of Invention, mais reste célèbre car il est présenté comme une collaboration avec Captain Beefheart. On retrouve d’ailleurs ce dernier à l’harmonica sur “Zoot Allures” l’année suivante. Après une dispute avec son manager et plusieurs procès couteux, Zappa doit mettre de côté sa carrière studio (dont son quadruple album “Läther”) et prend la route. L’année 1979 clôt au mieux la décennie avec la parution de “Joe’s Garage I, II & III”. Un nouveau succès avec trois guitaristes, Zappa, Warren Cuccurulo, rythmique et Denny Walley, slide. Cette même année, la construction d’un studio d’enregistrement, l’Utility Muffin Research Kitchen (UMRK) dans sa maison de Laurel Canyon est achevée, il y enregistre l’excellent “You Are What You Is” qui sort en 1981. Moon Unit Zappa, fille ainée de l’artiste, chante sur le single “Valley Girl” qui, en entrant dans le Top 40, permet à l’album “Ship Arriving Too Late To Save A Drowning Witch” d’atteindre la 23ème position dans les charts US.
En 1983, quatrième album pour orchestre, “London Symphony Orchestra Vol. 1” marque la volonté de Zappa de travailler plus régulièrement avec des chefs d’orchestre — Kent Nagano, Pierre Boulez. Pour “Francesco Zappa” (1984), Frank Zappa reprend des oeuvres de cet homonyme italien du XVIIIème siècle uniquement au synclavier, un synthétiseur numérique devenu son instrument de prédilection. Sur “Them Or Us” (1984), Zappa joue moins de guitare, laissant souvent les solos à son fils Dweezil ou Steve Vai. Si Zappa a beaucoup tourné en France, il n’en garde pas que de bons souvenirs, se plaignant dans “In France” des Français qui pissent dans la rue, des toilettes à la turque et des risques d’attraper des maladies vénériennes. A partir de 1985, à l’exception de deux disques jazz, il recentrera son activité sur les concerts jusqu’en 1988 et la parution de rééditions et d’inédits. “The Yellow Shark” (1993) est le dernier album sorti avant son décès d’un cancer de la prostate, à seulement 52 ans.
Zappanale
Avec son jeu et ses sonorités immédiatement reconnaissables, Frank Zappa est un des grands guitaristes de l’histoire du rock, l’égal des Jimi Hendrix, Eric Clapton, Jeff Beck et autres. Il est capable d’improviser, de multiplier les variations et les changements de rythme, un des premiers à utiliser la pédale wah-wah qu’il maîtrise à la perfection. Le coffret de trois albums, “Shut Up ’N Play Yer Guitar” (1981) et “Guitar” (1988) sont consacrés aux solos de guitare de différentes périodes. Outre la grande diversité musicale de compositions immédiatement reconnaissables, Frank Zappa a également été un observateur féroce des travers de la société américaine, dénonçant les absurdités, le racisme, la ségrégation, et s’opposant farouchement à toutes les formes de censure. Il représenta d’ailleurs les artistes face aux différentes commissions de censure du gouvernement américain.
Des bustes de Zappa ont été érigés à Prague, en Tchéquie, dont le président et écrivain Vaclav Havel était un fan et un ami de Zappa, à Vilnius, en Lituanie, et à Bad Doberan, en Allemagne, lieu d’accueil du festival Zappanale dont un des fondateurs avait été auparavant accusé par la police est-allemande d’avoir une influence négative sur la jeunesse en diffusant du Zappa. ★